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Le Merblex

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– Dis pas ça… dis plus jamais ça… »<br />

<strong>Le</strong>s yeux fixes, elle me regardait étrangement, l’espace déjà<br />

nous séparait…<br />

La petite Anne-Marie souffrait comme moi d’une traversée<br />

du duat coûteuse pour l’équilibre. Sa Maison-de-vie ne la contenait<br />

plus. Elle semblait impalpable, son âme affleurait sa chair,<br />

impatiente de pouvoir briser ses amarres. Elle était femme mais<br />

refusait de s’accepter comme telle. Était-ce par passion véritable<br />

ou par nostalgie d’une virginité trop tôt immolée qu’elle acceptait<br />

de flirter avec un <strong>Merblex</strong> ? Elle me donnait son esprit, pendant<br />

qu’un autre possédait son corps et je ne devais pas m’en<br />

plaindre, parce que j’étais « celui des deux qui recevait la meilleure<br />

part » disait-elle. Elle ne voulut jamais me dire qui était<br />

l’Occidental avec qui je la partageais, il était plus âgé que moi ce<br />

qu’il y avait de sûr. Moi je pensais à son père, qu’elle craignait<br />

terriblement. Un jour où j’étais venu l’attendre à la sortie du<br />

conservatoire, une de ses amies me remit une lettre contenant<br />

ces simples mots : « Je suis enceinte, adieu ». Dès lors, toutes<br />

mes tentatives pour la revoir échouèrent.<br />

Anne-Marie mourut des suites d’une overdose. Quand je<br />

l’appris, je me rendis sur sa tombe, dans la Cité-des-Beautés, à<br />

l’occident de la commune et je récitais pour elle la prière des<br />

morts afin que sa barque traverse le duat sans être chahutée.<br />

« O Dieux, salut ! Qu’un esprit ailé guide cette femme à<br />

travers le duat, pour qu’elle arrive aux portes de la belle Amenti.<br />

En vérité ? elle appartient au ciel, la terre ne possède que sa<br />

forme corporelle. O Gardiens, ouvrez les douze portes de<br />

l’Amenti. O Dieux, laissez cette femme passer dans la barque de<br />

Rê vers l’horizon oriental. Aucun mal ne s’attache plus à elle.<br />

Son nom est le nom de l’âme divine pure de taches. Elle dit la<br />

Maât – elle fait la Maât – elle est la Maât. O Vous, âmes parfaites,<br />

sachez le, elle est des vôtres et son savoir est celui de la<br />

– 161 –

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