Le Merblex

« Ça » n’était rien, comme la plupart de nos « ça » dérisoirement
amassés… Mais « ça » devait être à nous, puisque « ça »
était là. Tout ça, c’était nous ! Alors, fallait aussi emmener
« ça », voilà ! Sans « ça » nous serions perdus. Après faut racheter
tout « ça » et « ça » coûte cher. »
Quand tout fut transbordé, notre corbillard d’espérance
mit le contact. Un dernier regard de la tribu sur les façades pathétiques
du coron.
« Il reste encore du jaune d’œuf sur la tapisserie de la salle
à manger, je ne suis pas parvenue à le nettoyer… Ah ! Si les
murs pouvaient parler… Mais, ça y est, on peut démarrer,
s’exclama Clara. »
Pour sûr, ils en auraient dit des choses, hurlé même… les
murs.
L’aventure commençait, notre vie allait être modernisée.
Mais faut pas croire qu’on pouvait le devenir comme ça, moderne…
Fallait d’abord débarrasser notre imaginaire de tout ce
qui ne faisait pas moderne, justement. C’était un truc qui
s’apprend le modernisme, un truc qui se méritait même, parce
qu’être moderne, ça voulait dire : réussir et être heu-reux. Organiser
nos loisirs serait notre quête, et pour ainsi dire, notre
seule raison de vivre. Bonheur oblige. Ça serait nous maintenant
les « grandiveux ». Le bon dieu nous avait choisis ! Fallait
seulement repartir du pied modernisateur. On allait habiter,
heu… résider pardon, dans une gran-ânde ville moderne, une
gran-ânde maison avec le chauffage central moderne, en plein
milieu d’une grand-rue s’il vous plaît, dans un quartier résidentiel
avec plein de magasins modernes ! Et tout ça…
Moustiket n’en rêvait pas de la vie moderne, lui… Il sauta
du camion. Y devait en avoir sa claque du parachutisme et tout
ça… pas fou le chat ! Plus loin, sur la route, un Zorro rescapé du
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