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Le Merblex

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chuta, elle perdit du poids et finit par ne plus peser que quatrevingt<br />

quatre livres. Elle avait l’air d’un bâton de rhubarbe ; sans<br />

parler des crises d’aphonie chroniques qui la gagnaient. C’est<br />

alors que nos « P et M » se réunirent en conseil extraordinaire<br />

et statuèrent sur notre cas. Au terme de leurs négociations, ils<br />

décidèrent de m’exiler dans un pensionnat de la vallée de la<br />

Meuse. En ma personne, les Vecquiens perdaient un chef, mais<br />

le jugement était sans appel. La veille de mon départ, les Vecquiens<br />

s’assemblèrent autour d’un grand feu et vidèrent deux<br />

bouteilles de muscats barbotées dans une cave. Avant de nous<br />

séparer, tous prêtèrent serment sous la dalle d’un dolmen, de<br />

préserver les frontières des territoires conquis et de reprendre la<br />

lutte dès que je me serais évadé.<br />

En partant pour le pensionnat, je quittais aussi l’école<br />

communale et ses principes moraux pour l’enceinte d’un internat<br />

catholique dirigé par une horde de « bonnes sœurs » dogmatiques.<br />

<strong>Le</strong> manichéisme catholique et les mystères dont il<br />

s’entoure m’apparurent comme une fastidieuse comédie dont le<br />

scénario ne changeait jamais. Prières du matin, de midi, prières<br />

du dîner, du coucher, toutes psalmodiées sur un ton monocorde<br />

ne tardèrent pas à faire de moi un iconoclaste convaincu. C’est<br />

au reste à cette époque là, que je me mis à préférer les dieux colorés<br />

de l’Égypte antique aux saints chrétiens que l’on nous demandait<br />

de prendre pour modèle. Osiris, Isis, Maât, et même<br />

Anubis, m’apparaissaient infiniment plus accueillants que tous<br />

ces mendiants du moyen-âge. <strong>Le</strong>s livres sur l’époque pharaonique<br />

étaient à peu près les seuls qui m’attiraient. C’est ainsi<br />

que d’une religion éteinte, j’allais tirer ma foi. Pour longtemps,<br />

l’Orient serait mon recours et mon refuge.<br />

D’abord, je n’avais aucune confiance en cette souricière où<br />

on allait se déballer pour avoir le droit de sucer le bon dieu ossifié.<br />

<strong>Le</strong>s nonnettes pouvaient me baratiner tant qu’elles voulaient,<br />

le confessionnal n’était à mes yeux que le plus grand ré-<br />

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