Le Merblex

mien tout cela pour mieux être un semblable, voilant ainsi à vos
yeux mes dispositions lumineuses, jusqu’à ce que mon temps
vienne. Vivre en tenant les rênes de mon enthousiasme me fut
un supplice. Les « hommes modernes » redoutaient ma joie, je
l’ai donc tenue secrète, comme un flambeau allumé sous un pot
de grès, en traversant leurs lignes. Et n’imaginant pas vivre autrement
que dans la vérité, toutes ces années d’ombre et
d’archéologie me furent pénibles, comme à vous tous, sans
doute, qui avez tant d’amour à rayonner, mais qui l’étouffez par
une sorte d’instinct paradoxal.
Quant à vous ma mère, que vous dire ? N’est-ce pas encore
un des mystérieux pouvoirs de l’amour que faire ressortir du récit
banal d’une relation familiale, tout au plus semblable à une
parabole de mœurs « civilisées », la dimension spirituelle ? Je
ne devais pas seulement résister à vos violentes programmations,
mais aussi à toute cette fatalité cathodique qui sévissait
jusque dans nos glandes apophyses, qui vous fit perdre le sens
du bonheur d’aimer. Pourquoi n’avons-nous pas tenté de partager
le même bonheur ? Le bonheur des uns n’étant pas celui des
autres, est-ce en obligeant tout le monde à se convertir à l’idée
que l’on s’en fait, que l’on obtient pour eux un résultat ? Pourquoi
ne nous sommes-nous pas investis afin que nous puissions
choisir chacun le nôtre ? Chacun voit son bonheur où il le veut,
c’est pourquoi…
Mon « éducation fustigiante » devait-elle me préserver de
moi-même, m’aider à me contenter du « bonheur » que j’avais
et aurais, sans même désirer cette relation d’amour qui emmène
loin ?
Chaque jour, je recevais du mauvais pour le bon que je
donnais. Or, à chaque fois que je sentais se développer en moi la
haine et le mépris de soi, j’invoquais Maât afin qu’elle m’aide à
développer la science de mes organes internes. Bientôt, à force
de tout comparer ou tout inverser, j’acquis le nouvel œil et la
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