Le Merblex

« Tu vas pas en faire une sérénade ? Ca n’est qu’une situation…
– Ne me ressors pas encore ça, hein Léopold sinon, tu vas
encore me faire bondir ! »
C’était injecter de la pression dans la dépression en
quelque sorte, histoire de décompresser, seul processus déstressant
que connaissait Clara. Nous le savions tous, ô racines du lotus
magique ! Alors, de bondissements en rebondissements,
tout volait en éclat dans notre sweet home. Elle choisissait souvent
le moment des repas pour commencer sa danse.
« Je ne peux même pas m’offrir un tube de rouge à lèvres,
geignait-elle…
– Pour aller où donc ? du rouge ? questionnait Léopold
pour la dribbler et verrouiller la passe.
– J’en ai marre moi de tout ça ! On ne va jamais nulle part,
et tu ne m’achètes jamais rien…
– Pourquoi ? T’as quelque chose à vendre ? qu’y répliquait,
lui, caustique. »
C’est ce jour-là que les divinités courroucées livrèrent leur
premier raid aérien. Léopold pris son assiette et les œufs au plat
qu’elle contenait eurent leur baptême de l’air : Scrâtch ! En
plein sur la tapisserie. Puis, gulupgulup’, en dégoulinant tout
doucement jusque sur le carrelage de la région des morts.
Tout cela était de ma faute, parce que si je n’étais pas né, ils
ne se seraient pas bagués, voilà ! La Bouche le lui envoyait à la
figure à tout bout de champ pendant leurs prises de becs. De
trop au monde que j’étais ! J’empêchais le bonheur d’éclore y
paraît !
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