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Le Merblex

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– A-t-on jamais vu un idiot pareil ! Tu ferais mieux d’aller<br />

bosser au lieu de déclamer le « Livre des morts », et tu peux<br />

t’estimer heureux que l’on te nourrisse encore. »<br />

Devais-je me raconter à chaque fois que je quittais ma Maison-de-Vie<br />

pour monter là-haut me ressourcer ? Ils ne<br />

m’auraient pas cru. De ces « voyages », je revenais toujours porteur<br />

de l’électrum du ciel. Cela explique cette chance extraordinaire<br />

qui m’accompagnait depuis toujours. J’avais alors envers<br />

Maât des devoirs, c’est pourquoi je n’ai jamais cessé de prier, ni<br />

d’être songeur au sujet de ce qui était juste ou injuste. Et loin<br />

d’en venir à me mépriser moi-même, ce fut toujours dans le<br />

sens du beau et de la liberté que je rectifiais.<br />

L’été était là, mes seize ans aussi. La tribu décida que je ne<br />

reprendrais mes activités de serveur qu’à la rentrée. Je chercherais<br />

une place de chef de rang confirmé cette fois, tandis que<br />

Philippe lui commencerait à travailler chez un imprimeur. Ainsi,<br />

nous serions séparés par le monde du travail. Mais avant,<br />

nous avions la permission de nous rendre à Blankenberge pour<br />

y passer nos vacances. Nous allions enfin voir la mer, cette idée<br />

nous excitait terriblement.<br />

À la rentrée, je retrouvais du travail presque aussitôt au<br />

« Vieux Mayeur ». Mon nouvel employeur fut l’un des rares<br />

êtres sensibles qui m’ait été donné de rencontrer dans toute<br />

mon adolescence. Il me considérait un peu comme son fils, me<br />

racontait ses exploits de jeunesse et, fait non négligeable, me<br />

permettait de danser le slow avec sa femme, après l’extinction<br />

des feux. Elle était splendide : l’incarnation de Néfertiti. Elle se<br />

faisait draguer par tous les mâles en verve du canton, mais y<br />

avait rien à faire, elle était en main. <strong>Le</strong>s consommateurs ne faisaient<br />

que se dessécher le gosier à roucouler pour elle. Après la<br />

fermeture de la taverne, je rentrais chez mes « P et M » par la<br />

porte du garage, celle de l’épicerie était verrouillée. Clara voulait<br />

pas que je me serve. Je trouvais mon souper tout préparé sur la<br />

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