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Le Merblex

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À force d’insistance, Clara parvint à me faire descendre<br />

pour déjeuner. Elle s’approcha de moi, à cloche-cœur, me serra<br />

entre ses humérus…<br />

« Ne pleure plus va, il n’y a pas qu’une Cécile sur la terre.<br />

Nous partons pour Spa demain… On y reste tout le week-end…<br />

ton père a décidé… Tu n’as qu’à venir avec nous, ça te changera<br />

les idées, conclut-elle pour moi, en faisant sa voix plus douce<br />

qu’un trait de violon. »<br />

Ils étaient chouettes les jardins du Casino de Spa… Ouais<br />

bon et après ? <strong>Le</strong>s fontaines d’eau minérale… les usagers en cure<br />

de boue ou de champagne, rien à cirer non plus… Ma Maisonde-Vie<br />

n’était plus qu’une tombe avec Cécile peinte sur les murs.<br />

Façons, j’aurais beau changer de ville ou de vie, elle serait là,<br />

collée à moi. Elle serait là, quand je respirerai, quand<br />

j’écouterai, quand je regarderai, quand je me tripoterai…<br />

« Non je préfère rester seul, allez-y vous autres… »<br />

La nuit venue, je me rendis sous les fenêtres de Cécile, le<br />

cœur comme une enclume. J’emportais un pinceau et un pot de<br />

peinture blanche chapardés à Léopold. Là, sur toute la largeur<br />

de la rue, j’écrivis ces mots pathétiques : Cécile, Je t’aime.<br />

Cela ne me la rendit pas, bien au contraire. J’appris un peu<br />

plus tard qu’elle avait eu honte en découvrant mon message.<br />

Elle qui pourtant disait aimer les fous « parce qu’ils sont<br />

beaux… »<br />

J’étais mûr pour me laisser prendre par la mer, puisqu’à<br />

terre on voulait m’ensevelir. Cécile m’avait déçu, elle aussi,<br />

comme le fut Léopold, à son retour de captivité, sans doute ?<br />

Mais fallait pas lui en vouloir. Fallait avaler la pilule et contrôler<br />

mes hormones. Fallait enfin comprendre ce qu’est la dérision,<br />

sourire de son prénom qui pleurait sur les vitres, savoir ne plus<br />

attendre une lettre de Chine, sourire de mes violons qui jouaient<br />

la nostalgie en quittant la maison et l’amour de ma vie. Fallait<br />

larguer mes livres, mes albums, mes poèmes… me dire « la<br />

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