Le Merblex

– Flaf’! Tiens, tu ne l’auras pas volée celle-là !
– Glang !
– Espèce d’idiot, tu as vu ton adresse ?
– « ? = ! »
– Bientôt, on aura plus une assiette entière ici. Tiens en
voilà une autre pour t’apprendre : chlaf ! »
Elle voulait que je redessine en pointillés rouges le design
des carreaux de la cuisine ? Ok ! Pas de problème… un petit slalom
en zigzag, tranquillos… et hop ! elle l’avait son effet mosaïque…
« Il va me mettre du sang partout cet abruti. Si tu ne
t’arrêtes pas, je vais encore t’en allonger une… Garde le bras
tendu en l’air, sinon tu vas m’ensanglanter toute la casbah ! Je
n’aurais plus qu’à re nettoyer, évidemment j’ai l’habitude. Allez
va te coucher, je finirai toute seule.
– Elle t’a encore tapé f’çette badjawe, fit Phyl’en zozotant
comme il en avait l’habitude. Dommage que le fater n’était pas
là hein ! Faudrait qu’on la coinf’çe, qu’on la ratatine Merblex. »
Mais toutes les manigances ourdies contre elle jusque là
n’avaient contribué qu’à la déchaîner davantage. À l’école, le
spectacle d’enfants de mon âge, recevant une éducation radicalement
différente, m’était insolemment offert. Il m’arrivait de
regretter de n’avoir pas vu le dernier Zorro. Au moins, j’aurais
quitté le monde des marcheurs sur pieds en héros ; comme
Jeanne Rombaud qui avait péri dans le brasier, en y plongeant
plusieurs fois pour sauver des gosses.
On était mal. Mal dans nos vies, mal avec les autres et tout
le monde faisait « comme si »… Alors je repartais, moi… Ca
m’faisait des vacances de me dédoubler. Hors du monde, j’avais
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