Le Merblex

Quelques jours plus tard, je sus quelle fatalité cachaient ces
mots. Victime de l’ignorantisme scientifico-social sous-jaçent et
arbitraire, Rinkin avait atterri là pour être comme moi : rendu
normal. Un jour, Rinkin accompagna ses parents au chevet
d’une tante que l’on venait de plâtrer, du nom de Madame Lavie.
La tantine demanda à sa sœur de lui apporter « Au-dessous
du volcan », qu’elle lirait durant son séjour en milieu hospitalier.
En sortant de l’hôpital, la mère de Rinkin s’inquiéta de savoir
où elle pourrait trouver ce livre dont le titre lui semblait
très compliqué. Avec une sorte de prémonition machinale, Rinkin
répondit à sa mère qu’il ne valait pas la peine qu’elle se casse
le bourrichon puisque de toutes façons, le lendemain, tante Lavie
serait morte ! Sur le moment, Rinkin prit une taloche histoire
de conjurer le sort, puis on n’y pensa plus. L’ennui est que
sa tante mourut, comme l’avait prévu Rinkin. Il n’était pas loin
de penser, comme le lui rabâchait son entourage, que c’était un
peu lui qui l’avait tuée.
Quelques jours plus tard, alors qu’il se trouvait devant
« l’Escale », bistrot où il avait l’habitude de retrouver ses copains,
on entendit un « bang », dans l’immeuble voisin. Tout le
monde se regarda interloqué, l’oreille dressée. Rinkin, annonça
calmement :
« Ça c’est le veuf Mathieu qui s’est tiré un pruneau dans le
citron. »
C’était tout ce qu’il y avait de plus vrai et ses copains, qui
n’y comprenaient Rien-kin-kin, commencèrent à l’éviter, colportant
à la ronde qu’il était maléfique. Influencé, Rinkin se mit
à faire des neuvaines et à entrer dans toutes les églises qu’il
trouvait sur son chemin. Les parents firent examiner leur satané
gamin par le docteur Lessain qui décréta que c’était les nerfs…
On parvint non sans peine à faire avaler à Rinkin les calmants
qu’on lui prescrivit. Résultat, il somnolait constamment
faisait tout de travers, et s’il lui arrivait de sortir de sa torpeur,
c’était pour envoyer Lessain au diable. Le docteur suivit
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