Le Merblex

– Ha bon. Moi je croyais que vous étiez encore étudiante.
Non, mon père n’aurait pas assez de sa pension de fonctionnaire.
– Votre père est fonctionnaire ?
– Plus maintenant, mais il était pendant des années gardien
des domaines du plateau de Gizeh… Il protégeait pour les
touristes, vous voyez ?
– Vous parlez bien le français dites-donc.
– Beaucoup de gens le parlent à Misr’et j’aimerais aller à
Paris étudier, à la Sorbonne, mais il faut de l’argent… »
Après le repas, nous quittâmes le séjour pour nous rendre
dans nos chambres, Farid n’était toujours pas rentré. Je me suis
donc couché en souriant béatement au plafond, comme ça, pour
le plaisir.
Au milieu de la nuit, F. Khasnoûp vint me tirer du lit :
« Tu veux toujours être « fils de Rê et Maître de la mort »
mon fils ?
– « ! ? + § = oui »
– Bon, alors lève-toi. »
Après une demi-heure de route en scooter, nous arrivâmes
au sud-est du plateau de Gizeh. La petite colline sur laquelle
nous fîmes halte était comme suspendue dans les airs. La nuit
était belle et tiède. Au loin, les pyramides luisaient sous la lune,
le Sphinx tourné vers l’est attendait les premiers rayons de la
divine aurore, puis à la frontière du duat, le désert et les ténèbres
reprenaient leurs droits. Farid Kashnoûp étendit sur le
sable une couverture de laine sur laquelle nous prîmes place.
« Ca va te réchauffer, dit-il en sortant de sa poche une tabatière.
»
Il composa un mélange savant, puis en bourra une pipe
comme je n’en avais jamais vu.
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