Le Merblex

« Aurum nostrum non est aurum vulgi, disait encore Just,
en prenant son air de philosophe des grands jours… »
Traduisez : « Notre or n’est pas l’or du vulgaire ». C’était
vraiment clair pour moi qui n’entravais que t’chik au latin !
Limpide et purpurin même. Autrement dit, l’or philosophique
compte davantage que l’or métallique ! En guise de consolation,
je n’avais qu’à me contenter de ça. Cette désolante perspective
n’empêchait cependant pas mon savant ami de continuer à la
chercher lui, la pierre philosophale. Quelle satisfaction pouvaiton
bien tirer d’une pareille affaire ? Fallait tout de même réfléchir
avant de s’investir et c’est ce que je commençais à faire,
mine de rien, en étudiant mes livres…
Just Phaéton Ems disparut un jour sans crier gare. Il ne
vint pas prendre son porto à la taverne du Vieux Mayeur,
comme chaque soir. La femme de chambre de l’hôtel où il créchait
me remit simplement deux lettres de sa part, l’une m’était
adressée et l’autre portait cette simple note : « Pour Farid
Khasnoûb ». Où donc s’en était-il allé ? En Patagonie ? En Hollande
? En Suède peut-être ? Cette façon qu’il avait eue de disparaître
m’attachait encore plus à tout ce qu’il m’avait transmis.
Je l’imaginais vêtu de son caban bleu, aux boutons frappés
d’une ancre de marine, coiffé de ce bonnet rouge qui ne le quittait
jamais, dans l’anonymat d’un quai de gare, sur celui d’un
port au milieu de marées humaines, en transhumance, recopiant
dans son calepin les observations recueillies au cours de
ses périples. Mais, quelle que fût sa destination, je le savais heureux
puisqu’il emportait partout avec lui son soleil philosophique.
« Henri,
L’attachement est une habitude négative, il faut s’en défaire…
C’est pourquoi je suis parti sans te revoir. Ne dis plus
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