Journal des mines
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TRAVAUX DE M. BURD1N.<br />
qu'on a préalablement comprimé sous plusieurs atmosphères,<br />
puis chauffé en le faisant passer sur un foyer clos,<br />
jusqu'à en quadrupler environ le volume. Il démontre<br />
l'énorme supériorité qu'aura, au point de vue économique,<br />
un pareil moteur, si l'on parvient à le faire fonctionner<br />
convenablement.<br />
La plupart <strong>des</strong> inventeurs qui ont construit ou tenté de<br />
construire <strong>des</strong> machines à air chaud ont adopté la compression<br />
préalable proposée par Burdin. Celui-ci a été, jusqu'à<br />
la lin de sa vie, persuadé que tôt ou tard le nouvel agent<br />
supplantera la vapeur et produira la force à bien meilleur<br />
marché, et quand il expliquait ses vues à ce sujet, ses paroles<br />
laissaient voir l'enthousiasme dont il était pénétré.<br />
Il a écrit, jusqu'en 1865, un grand nombre de notes<br />
sur l'air chaud, qui presque toutes ont paru dans les<br />
Comptes rendus <strong>des</strong> séances de l'Académie <strong>des</strong> sciences,<br />
imaginant <strong>des</strong> moyens d'exécution variés, sans jamais<br />
s'écarter beaucoup du plan général de sa première conception.<br />
Plusieurs de ces étu<strong>des</strong> ont été rédigées avec la<br />
collaboration de M. Bourget. Je citerai entre autres celles<br />
qui portent la date de 1857, dans lesquelles est calculé le<br />
travail théorique correspondant aux diverses conditions de<br />
pression et de température. Les auteurs examinent les deux<br />
hypothèses d'une récurrence, analogue à celle qu'employait<br />
Ericson, ou de la perte totale du calorique contenu<br />
dan S l'air qui abandonne le piston : leurs calculs, basés<br />
sur la formule de Poisson citée plus haut, montrent qu'on<br />
en déduit, en ce qui concerne les gaz, la transformation<br />
proportionnelle de la chaleur en travail.<br />
Vers 1864, aidé d'un crédit de l'État, Burdin essaya de<br />
mettre à exécution un de ses plans, tentative, qui resta interrompue.<br />
A l'inverse <strong>des</strong> machines de ce genre qui ont marché plus<br />
ou moins longtemps, ses projets ont tous comporté de<br />
hautes températures. Il en rendait ainsi la réalisation ex-<br />
TRAVAUX DE M. BURDIN. 557<br />
trêmement difficile; mais ses appareils devenaient moins<br />
encombrants, et il se donnait plus de marge pour les pertes<br />
d'effet qui résultent <strong>des</strong> fuites, <strong>des</strong> frottements, <strong>des</strong> espaces<br />
perdus. Je pense qu'en cela un juste discernement le guidait.<br />
Dans un moteur qui fonctionne par différence, si le<br />
travail positif n'est pas théoriquement beaucoup plus fort<br />
que le travail négatif, les déchets inévitables doivent<br />
prendre une importance énorme et même arriver promptement<br />
à déterminer l'arrêt dès que les organes se détériorent.<br />
Burdin, dont la riche imagination était toujours active,<br />
a étudié plusieurs autres questions, telles que la navigation<br />
sous-marine, la direction <strong>des</strong> ballons. Je les passe sous silence,<br />
parce qu'il ne s'y est pas attaché avec la même persistance<br />
et n'y a pas fortement marqué l'empreinte de son<br />
esprit.<br />
L'Académie <strong>des</strong> sciences, qui l'avait distingué de bonne<br />
heure, lui a donné en 1842 une très-juste récompense de<br />
ses travaux en le nommant son correspondant.<br />
En 1865, lorsqu'il était par conséquent retiré depuis<br />
longues années <strong>des</strong> services publics, l'administration se<br />
rappela son mérite, et il reçut la croix d'officier de la<br />
Légion d'honneur. Il avait été, en 1857, décoré de l'ordre<br />
<strong>des</strong> Saints-Maurice et Lazare par le gouvernement Piémontais.<br />
Ceux 'qui l'ont connu ont aimé en lui, avec l'originalité<br />
de son esprit, la mo<strong>des</strong>tie et la simplicité de ses moeurs et<br />
la sincérité absolue de son caractère, qui le rendait incapable<br />
de dissimuler le moindre de ses sentiments. II accueillait<br />
avec le plus grand empressement toute personne<br />
qui venait l'entretenir d'une manière compétente de science<br />
ou de machines. Mais pour les jeunes gens surtout sa bienveillance<br />
ne connaissait pas de bornes, et il montrait à les<br />
conseiller et à les aider un zèle touchant qui jamais ne s'est<br />
lassé.