Journal des mines
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RECHERCHES SUR LA TEXTURE DU FER.<br />
D'après cela, je suis autorisé à dire que la texture nerveuse<br />
n'est Point inhérente à la matière.<br />
La transformation de la texture grenue en texture fibreuse,<br />
par le refroidissement ou le défaut de température au moment<br />
de l'élaboration, est donc établie d'une manière incontestable<br />
; la réciproque est également vraie, c'est-àdire<br />
que, étant donné du fer à nerfs, il suffit de le porter<br />
à une température élevée, capable de développer la soudabilité,<br />
pour le transformer en fer à grains. En donnant<br />
à l'extrémité d'une barre de fer à nerfs une chaude suante,<br />
on obtiendra en ce point la texture grenue et l'on pourra<br />
obtenir une barre de fer à nerfs à l'une <strong>des</strong> extrémités et à<br />
grains à l'autre. Cette simple expérience, du plus haut intérêt<br />
pour la science et de la plus grande portée pour la pratique,<br />
donne le moyen de produire à volonté du fer à grains<br />
et du fer à nerfs, selon les besoins du consommateur, sans<br />
changer la matière première employée.<br />
Dans tout ce qui précède, on trouvera l'explication de la<br />
raison pour laquelle les compagnies de chemins de fer<br />
exigent que les rails en fer soient à grains, et pour laquelle<br />
les constructeurs demandent du fer à grains pour les pièces<br />
à frottement qui, par conséquent, doivent avoir un beau<br />
poli.<br />
C'est que le fer à grains étant bien soudé, on est sûr qu'il<br />
ne s'exfoliera pas sous le poids <strong>des</strong> locomotives ou par le<br />
frottement, comme le ferait un fer à nerfs, c'est-à-dire non<br />
soudé.<br />
Tout ce que je viens de dire jusqu'à présent s'applique à<br />
la production du fer brut ; mais on pourra me demander<br />
ce que deviendra ce fer brut à grains ou à nerfs lorsqu'on<br />
le soumettra au corroyage.<br />
Tous les phénomènes se reproduiront de la même manière.<br />
Si l'on prend deux ou plusieurs barres de fer brut à<br />
grains, superposées de manière à former un paquet, et si ce<br />
paquet, réchauffé au blanc soudant, est passé dans la série<br />
RECHERCHES SUR LA TEXTURE DU FER,<br />
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<strong>des</strong> cannelures nécessaires pour produire une barre, il donnera<br />
toujours du fer à grains, si, en sortant de la dernière<br />
cannelure, la température est encore assez élevée pour avoir<br />
un soudage complet. Si au contraire la barre sort de la dernière<br />
cannelure à simple chaleur rouge, la texture sera<br />
nerveuse, précisément parce qu'elle ne sera pas soudée.<br />
Étirée trop froide, la matière est désagrégée et <strong>des</strong>soudée;<br />
il y a glissement <strong>des</strong> particules les unes sur les autres,<br />
allongement du tissu et par suite texture nerveuse.<br />
Comme preuve de ce glissement, il suffit de faire sur le<br />
côté d'un paquet de fer une entaille d'un centimètre de<br />
profondeur bien perpendiculaire à la longueur. Chauffé au<br />
blanc soudant, le paquet, passé dans une assez grande série<br />
de cannelures, présentera l'entaille constamment normale<br />
à la barre, jusqu'au moment où la température n'aura plus<br />
été suffisante pour maintenir l'état pâteux nécessaire au<br />
soudage. A cet instant, l'entaille prendra de plus en plus<br />
la forme d'un couché.<br />
Cette simple expérience prouve à l'évidence que, dans la<br />
cannelure, le centre ou coeur de la barre ne reçoit en passant<br />
qu'une pression verticale et que les deux surfaces<br />
glissent sur lui en formant exactement l'allongement. On<br />
trouve encore la preuve de ce glissement en jetant un coup<br />
d'oeil sur les barres sortant d'un laminoir et non encore<br />
affranchies à la cisaille. L'extrémité qui sort la première a<br />
toujours le centre en saillie sur la mise supérieure et la<br />
mise inférieure. L'inverse se présente à l'autre extrémité<br />
<strong>des</strong> barres.<br />
Au moment où l'on engage dans une cannelure la barre<br />
portée au rouge sombre , les cylindres présentent un<br />
obstacle au passage du métal dont le centre seul passe<br />
facilement, tandis que les mises supérieures et inférieures<br />
sont obligées de reculer devant les cylindres en glissant sur<br />
lui. Si la barre présente, à la dernière cannelure, une température<br />
suffisante pour qu'il n'y ait pas glissement et par<br />
TOME V, 1874.<br />
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