Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
ÉTIOPATHOGÉNIE DU TRAUMATISME PSYCHIQUE ET DE LA NÉVROSE TRAUMATIQUE 93<br />
La soudain<strong>et</strong>é<br />
Ce facteur est généralem<strong>en</strong>t plus facile à dégager que celui de la viol<strong>en</strong>ce.<br />
On le r<strong>et</strong>rouve dans la très grande majorité des cas, mais, parfois,<br />
il faut savoir le rechercher. Par exemple un soldat t<strong>en</strong>du par l’action lors<br />
d’un assaut voit se pointer sur lui une arme de là où il ne l’att<strong>en</strong>dait<br />
pas, ou un prisonnier d’un camp de conc<strong>en</strong>tration, qui sait toutes <strong>les</strong><br />
horreurs qu’il s’y pratique, se trouve tout à coup pris au dépourvu par<br />
le spectacle même d’une de ces horreurs ou par une brusque m<strong>en</strong>ace<br />
sur lui, dont il est certain qu’elle va l’anéantir. Nous avons vu chez des<br />
otages ayant depuis un temps déjà long un revolver collé à la tempe,<br />
le trauma se constituer au mom<strong>en</strong>t où le canon s’<strong>en</strong>fonce brusquem<strong>en</strong>t<br />
dans la peau du crâne, signalant que, c<strong>et</strong>te fois-ci, le ravisseur va tirer.<br />
Dans Guerre <strong>et</strong> Paix, Tolstoï explique à son lecteur pourquoi on m<strong>et</strong><br />
un bandeau sur <strong>les</strong> yeux de ceux qui vont être exécutés : pour éviter,<br />
dit-il, un choc insupportable aux soldats du peloton d’exécution. Il a<br />
certainem<strong>en</strong>t raison, la sur<strong>prise</strong> peut v<strong>en</strong>ir du regard de celui que la balle<br />
vi<strong>en</strong>t de toucher. On peut rapprocher ce fait de la quête passionnée de<br />
Léonard de Vinci qui courait <strong>les</strong> supplices pour surpr<strong>en</strong>dre le regard de<br />
ceux que la mort était <strong>en</strong> train d’emporter. Peut-être que sa fascination<br />
active le protégeait d’un eff<strong>et</strong> de sur<strong>prise</strong>.<br />
FACTEURS TENANT AU SUJET<br />
La personnalité<br />
Il ne nous est jamais arrivé de conduire une psychothérapie longue<br />
d’une névrose traumatique sans que la personnalité du pati<strong>en</strong>t ne se<br />
découvre rapidem<strong>en</strong>t comme pathologique. La dim<strong>en</strong>sion narcissique<br />
apparaît comme le grand point de fragilité : ce sont des personnalités<br />
hystériques ou obsessionnel<strong>les</strong>, des états-limite ou de grands immatures,<br />
ce qui nous <strong>en</strong> dit moins que <strong>les</strong> rapports qu’<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ces<br />
suj<strong>et</strong>s avec leur image <strong>et</strong> avec <strong>les</strong> autres. Dans certaines professions un<br />
peu exceptionnel<strong>les</strong>, on a la sur<strong>prise</strong> de découvrir que des individus, qui<br />
ont l’appar<strong>en</strong>ce de la force <strong>et</strong> de l’assurance, sont <strong>en</strong> fait « des colosses<br />
aux pieds d’argile ». Naturellem<strong>en</strong>t ce sont eux <strong>les</strong> plus surpris de ce qui<br />
leur arrive quand une névrose traumatique vi<strong>en</strong>t <strong>les</strong> déconstruire. Une<br />
même observation concernant des personnalités toujours pathologiques<br />
peut être faite <strong>en</strong> ce qui concerne <strong>les</strong> névroses traumatiques non traitées<br />
<strong>et</strong> qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’un seul coup ou peu à peu une tournure dramatique.<br />
L’inverse n’est pas vrai. Toutes sortes de personnalités se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t