Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
QUATRE OBSERVATIONS DE PRISES EN CHARGE 205<br />
Il s’interroge aussi sur ce qui fait r<strong>en</strong>contre traumatique chez de<br />
jeunes <strong>en</strong>fants avant l’acquisition d’une p<strong>en</strong>sée abstraite, c’est-à-dire<br />
du concept de mort <strong>et</strong> de son caractère irréversible (Bailly, 1999). Il m<strong>et</strong><br />
<strong>en</strong> avant <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s équival<strong>en</strong>ts à une expéri<strong>en</strong>ce de mort, par exemple,<br />
chez le bébé, la séparation brutale <strong>et</strong> le chaos s<strong>en</strong>soriel qui s’<strong>en</strong>suit,<br />
chez le tout jeune <strong>en</strong>fant « la terreur de l’adulte » comme « perception<br />
troublante <strong>et</strong> destructrice » (Bailly, 2001a). On peut p<strong>en</strong>ser aussi que<br />
<strong>les</strong> expéri<strong>en</strong>ces de néantisation des premières semaines de la vie ne sont<br />
pas très loin <strong>et</strong> peuv<strong>en</strong>t surgir à nouveau dans le « chaos s<strong>en</strong>soriel »<br />
provoqué par la viol<strong>en</strong>ce de l’événem<strong>en</strong>t.<br />
Résumons <strong>les</strong> principaux traits relevés alors chez Pierre <strong>et</strong> qui nous<br />
font p<strong>en</strong>ser à l’influ<strong>en</strong>ce déterminante du trauma infantile, <strong>en</strong>tr<strong>et</strong><strong>en</strong>ue<br />
<strong>et</strong> aggravée par le contexte dans lequel il est surv<strong>en</strong>u <strong>et</strong> la suite de son<br />
histoire :<br />
• l’abs<strong>en</strong>ce d’émotion exprimée ;<br />
• l’asocialité <strong>et</strong> l’inhibition ;<br />
• la viol<strong>en</strong>ce difficilem<strong>en</strong>t maîtrisée ou dirigée contre lui-même ;<br />
• la disqualification de la loi <strong>et</strong> de la morale ;<br />
• l’innoc<strong>en</strong>ce proclamée ;<br />
• la détresse telle qu’on peut la percevoir.<br />
Le syndrome de répétition <strong>en</strong> plus, une névrose traumatique grave<br />
exprime son génie évolutif dans chacun de ces axes (Lebigot, 2000).<br />
Intermède<br />
Pierre a quitté le service début juin 1994. Nous saurons ce qui s’est<br />
passé dans c<strong>et</strong> « intermède » lors de sa réhospitalisation <strong>en</strong> août 1996,<br />
soit deux ans <strong>et</strong> deux mois plus tard. Il a travaillé dix-huit mois comme<br />
serveur dans un restaurant <strong>en</strong> Écosse où son statut d’étranger lui a<br />
conv<strong>en</strong>u <strong>et</strong> a masqué ses « bizarreries ». Il était soit à son service<br />
sous la tutelle d’un maître d’hôtel qui ne laissait ri<strong>en</strong> passer <strong>et</strong> surveillait<br />
son personnel <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce, soit dans sa chambre à traiter<br />
son angoisse avec du « shit », évitant l’alcool. Il parle maint<strong>en</strong>ant<br />
couramm<strong>en</strong>t anglais. Mais il a s<strong>en</strong>ti qu’il valait mieux qu’il parte à la<br />
fin de son contrat <strong>et</strong> est rev<strong>en</strong>u chez sa mère où il a repris ses habitudes<br />
: claustration, viol<strong>en</strong>ce, vague recherche d’un travail, rumination<br />
de proj<strong>et</strong>s suicidaires. Quelque chose de plus néanmoins, il cherche<br />
aussi un psychiatre, mais chaque r<strong>en</strong>contre est un échec qui le conforte<br />
dans l’idée qu’il n’y a ri<strong>en</strong> à att<strong>en</strong>dre de personne. Il téléphone à des<br />
associations « SOS quelque chose » pour demander de l’aide. L’une