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Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge

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210 THÉRAPEUTIQUE<br />

« [l’<strong>en</strong>fant doit] pouvoir assumer une culpabilité archaïque. Et c’est<br />

justem<strong>en</strong>t ce même type de culpabilité qui resurgit dans l’action traumatique<br />

» (Daligand, 2000).<br />

Ce n’est plus comme victime mais comme coupable que Pierre<br />

aborde la dernière phase de sa psychothérapie.<br />

La date fixée pour sa sortie se rapproche. Le discours se fait plus<br />

pressant <strong>et</strong> cerne au plus près son obj<strong>et</strong> :<br />

« Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour que me soit infligée une<br />

souffrance pareille ? [...] Pourquoi est-ce que je me déteste autant ? »<br />

Il rapproche ses impulsions suicidaires à ce que « <strong>en</strong>fant j’ai été<br />

séduit par le mal ». Alors que sa mère était le « bi<strong>en</strong> », c’est la toutepuissance<br />

démoniaque du père qu’il a choisie. Le mal qui l’accable,<br />

c’est aussi d’avoir voulu coucher avec sa mère <strong>et</strong> sa « mère adoptive »,<br />

de <strong>les</strong> violer puis, pour sa mère parfois, de la tuer. Il est même allé plus<br />

loin, on le sait : la tuer, lui ouvrir le v<strong>en</strong>tre, lui arracher <strong>les</strong> intestins.<br />

Après sa mère, Pierre <strong>en</strong>tre avec lucidité <strong>et</strong> courage dans l’univers de la<br />

faute.<br />

La nuit qui suit c<strong>et</strong> aveu r<strong>en</strong>ouvelé, il mobilise tout l’hôpital autour<br />

de lui : il est susp<strong>en</strong>du à la rambarde du quatrième étage du hall <strong>et</strong> crie<br />

qu’il va se j<strong>et</strong>er. C<strong>et</strong>te fois l’HDT est décidée. Il côtoie la folie des autres<br />

p<strong>en</strong>dant trois jours, découvre avec effarem<strong>en</strong>t la pulsion désamarrée du<br />

signifiant. C’est tout de même à ça qu’il a échappé. Il le compr<strong>en</strong>d bi<strong>en</strong><br />

maint<strong>en</strong>ant.<br />

Sa sortie était immin<strong>en</strong>te <strong>et</strong> préparée : il a un studio <strong>et</strong> touche le RMI.<br />

Il revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> consultations uniquem<strong>en</strong>t.<br />

Premier épilogue<br />

Il connaît, dit-il, l’origine de son « problème » : à cinq ans on l’arrachait<br />

à sa mère qu’il aimait follem<strong>en</strong>t. Il la laissait aux <strong>prise</strong>s avec c<strong>et</strong><br />

homme dangereux. Mais aussi il a souhaité alors, <strong>et</strong> il souhaite <strong>en</strong>core,<br />

qu’elle meure. Sa culpabilité l’écrase : « Je me suis <strong>en</strong>fermé dans une<br />

prison, mais maint<strong>en</strong>ant j’ai <strong>en</strong>vie d’<strong>en</strong> sortir. » Il passe un mois avec<br />

de très grandes oscillations de l’humeur mais, pour la première fois, il<br />

connaît des éclaircies qui le surpr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, une sorte d’euphorie qui ne<br />

doit ri<strong>en</strong> à la prés<strong>en</strong>ce de « bons par<strong>en</strong>ts » comme aux États-Unis.<br />

Un jour qu’il se s<strong>en</strong>t mal, se déteste, il fait allusion à la scène<br />

traumatique : « Je me rappelle mon <strong>en</strong>fance comme si c’était hier. Je<br />

me s<strong>en</strong>tais impuissant pour aider ma mère, mais ça devait me fasciner<br />

pour que j’<strong>en</strong> garde un souv<strong>en</strong>ir aussi précis : c’est comme si j’avais<br />

vu ça sur un écran <strong>et</strong> que j’avais pris la place de l’un d’eux, la place

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