Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
LES SOINS IMMÉDIATS 131<br />
peuv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t figurer au verso <strong>les</strong> lieux de soins accessib<strong>les</strong> <strong>et</strong> une<br />
liste des spécialistes du psychotrauma avec adresse <strong>et</strong> numéro de téléphone.<br />
Si cela est possible, il est préférable de la lire avec celui à qui on<br />
rem<strong>et</strong> c<strong>et</strong>te feuille <strong>et</strong> d’<strong>en</strong> parler. Dans certains cas on est am<strong>en</strong>é à écrire<br />
son nom, ses coordonnées <strong>et</strong> év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t à donner un r<strong>en</strong>dez-vous<br />
téléphonique. On peut aussi, selon <strong>les</strong> circonstances, diriger la victime<br />
vers le c<strong>en</strong>tre d’accueil des impliqués qui se <strong>charge</strong> plus spécialem<strong>en</strong>t<br />
de résoudre <strong>les</strong> problèmes matériels : logem<strong>en</strong>t, demande d’aides,<br />
recherche des famil<strong>les</strong>, <strong>et</strong>c. Une att<strong>en</strong>tion plus particulière sera apportée<br />
à ceux qui vont le plus mal : soit ils seront revus rapidem<strong>en</strong>t, soit un ou<br />
plusieurs soignants iront <strong>les</strong> r<strong>et</strong>rouver à l’hôpital. Les membres de la<br />
cellule d’urg<strong>en</strong>ce iront s’inquiéter de l’état des b<strong>les</strong>sés physiques <strong>et</strong>/ou<br />
<strong>psychiques</strong> qui se trouv<strong>en</strong>t dans <strong>les</strong> différ<strong>en</strong>ts hôpitaux où le SAMU <strong>les</strong><br />
a transportés — c’est un point important à ne pas oublier. Dans l’armée,<br />
depuis la guerre du Golf, l’habitude a été <strong>prise</strong> par <strong>les</strong> psychiatres ou<br />
psychologues hospitaliers militaires d’aller voir <strong>les</strong> b<strong>les</strong>sés physiques<br />
dans <strong>les</strong> services de chirurgie.<br />
P<strong>et</strong>it avertissem<strong>en</strong>t aux interv<strong>en</strong>ants<br />
L’expéri<strong>en</strong>ce a montré que pour s’occuper de suj<strong>et</strong>s traumatisés, quel<br />
que soit le stade des soins, il était préférable de ne pas avoir soi-même<br />
une telle expéri<strong>en</strong>ce. Il vaut mieux ne pas s’exposer, sur le terrain, au<br />
risque de faire une « mauvaise r<strong>en</strong>contre ». Ce risque est inévitable dans<br />
certains cas, <strong>en</strong> particulier dans l’armée où le psychiatre ne peut se<br />
m<strong>et</strong>tre à l’écart du groupe auquel il apparti<strong>en</strong>t <strong>et</strong> qui s’apprête à affronter<br />
une situation difficile (Devillières, 2001). Au début des activités des<br />
CUMP, il était fréqu<strong>en</strong>t que <strong>les</strong> autorités administratives pouss<strong>en</strong>t le<br />
psychiatre à aller sur <strong>les</strong> lieux du drame « pour se r<strong>en</strong>dre compte » de ce<br />
qu’avai<strong>en</strong>t vécu ou de ce que vivai<strong>en</strong>t <strong>les</strong> victimes <strong>et</strong>/ou <strong>les</strong> sauv<strong>et</strong>eurs.<br />
Il est facile de refuser de tel<strong>les</strong> propositions si on a <strong>en</strong>core la tête froide<br />
<strong>et</strong> qu’on n’est pas <strong>en</strong> proie à une t<strong>en</strong>tation morbide. Car c<strong>et</strong>te t<strong>en</strong>tation<br />
existe chez tout le monde (un peu de phobie peut <strong>en</strong> protéger certains).<br />
Un de nos collègues, habitué de ces missions de soins immédiats<br />
dans <strong>les</strong> catastrophes <strong>en</strong> France <strong>et</strong> à l’étranger, a très honnêtem<strong>en</strong>t<br />
raconté que cela lui était arrivé. P<strong>en</strong>dant une semaine, <strong>en</strong> Afrique,<br />
il s’était occupé de soldats dont la mission était d’aller repêcher <strong>les</strong><br />
cadavres des passagers d’un avion qui s’était abîmé <strong>en</strong> mer, à peu de<br />
kilomètres de la plage. Le dernier jour, avant de repartir pour la France,<br />
il avait voulu accompagner ses soldats dans leur dernière mission, par<br />
solidarité, avait-il p<strong>en</strong>sé sur le mom<strong>en</strong>t. Dans l’avion du r<strong>et</strong>our, il avait<br />
pris consci<strong>en</strong>ce de son imprud<strong>en</strong>ce <strong>et</strong> du fait aussi qu’il avait été le