Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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168 THÉRAPEUTIQUE<br />
c’est le traitem<strong>en</strong>t psychothérapique qui oblige à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte<br />
la dim<strong>en</strong>sion névrotique si l’on veut savoir ce que l’on fait. Surtout si<br />
l’on ambitionne de parv<strong>en</strong>ir à des guérisons complètes <strong>et</strong> définitives<br />
du « syndrome psychotraumatique ». Même si le succès n’est jamais<br />
garanti. Les échecs, d’ailleurs, sont très instructifs de ce que ce sont<br />
des points de fixation libidinale qui font obstacle à ce que le suj<strong>et</strong><br />
s’affranchisse de son li<strong>en</strong> à l’image traumatique. Dans <strong>les</strong> vign<strong>et</strong>tes<br />
<strong>clinique</strong>s que nous prés<strong>en</strong>terons, nous m<strong>et</strong>trons l’acc<strong>en</strong>t là-dessus : se<br />
libérer du trauma nécessite de re-parcourir <strong>les</strong> méandres de la traversée<br />
œdipi<strong>en</strong>ne, sans toujours pour autant résoudre <strong>les</strong> problèmes laissés <strong>en</strong><br />
susp<strong>en</strong>s, ce serait trop beau !<br />
Il était difficile d’<strong>en</strong>tamer ce chapitre sur <strong>les</strong> psychothérapies psychodynamiques<br />
sans situer d’abord la conception des névroses traumatiques<br />
sur laquelle el<strong>les</strong> repos<strong>en</strong>t, conception qui s’est construite<br />
uniquem<strong>en</strong>t à partir du discours des pati<strong>en</strong>ts eux-mêmes.<br />
Les psychothérapies psychodynamiques utilis<strong>en</strong>t <strong>les</strong> concepts de la<br />
psychanalyse. Mais el<strong>les</strong> affich<strong>en</strong>t des buts différ<strong>en</strong>ts. Si l’analyse est<br />
une av<strong>en</strong>ture où l’analysant est à la recherche de sa vérité, <strong>et</strong> que<br />
la guérison ne lui est donnée que « par surcroît », la guérison est ici<br />
ce qui est recherché. C’est elle que <strong>les</strong> pati<strong>en</strong>ts vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t demander.<br />
Toutefois, à la différ<strong>en</strong>ce d’autres psychothérapies, el<strong>les</strong> ne font pas<br />
du symptôme le c<strong>en</strong>tre de leur action. Il s’agit pour el<strong>les</strong> de traiter un<br />
suj<strong>et</strong>, ici un suj<strong>et</strong> traumatisé. La référ<strong>en</strong>ce à la psychanalyse indique<br />
<strong>en</strong> premier lieu avec quelle grille d’interprétation le pratici<strong>en</strong> écoute<br />
le discours de son pati<strong>en</strong>t. Sur le plan de sa technique, il se démarque<br />
beaucoup de la « cure type ». Ainsi d’abord n’est-il pas question d’opter<br />
pour la « neutralité » bi<strong>en</strong>veillante, <strong>les</strong> pati<strong>en</strong>ts sortant d’une expéri<strong>en</strong>ce<br />
traumatique la pr<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t pour de l’indiffér<strong>en</strong>ce, une abs<strong>en</strong>ce de c<strong>et</strong>te<br />
empathie qu’ils ont absolum<strong>en</strong>t besoin de supposer chez la personne<br />
à laquelle ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t se confier. Du même ordre est le maniem<strong>en</strong>t du<br />
sil<strong>en</strong>ce, insupportable au moins lors des premiers <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s, alors qu’<strong>en</strong><br />
psychanalyse le sil<strong>en</strong>ce est ce qui perm<strong>et</strong> à l’analysant de dérouler ses<br />
propres signifiants. Pas d’« att<strong>en</strong>tion flottante » non plus, au contraire<br />
une écoute très att<strong>en</strong>tive au discours du pati<strong>en</strong>t ; ce sont d’ailleurs des<br />
<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s fatigants, là aussi, au moins <strong>les</strong> premiers. « J’ai s<strong>en</strong>ti que j’ai<br />
été écouté », c’est ce que dira le consultant au deuxième <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>, <strong>et</strong><br />
il a raison. Ceci ne veut pas dire que le médecin reste inactif. S’il se<br />
garde d’interruptions inopportunes, il ne laisse pas passer l’occasion<br />
de demander des éclaircissem<strong>en</strong>ts, de poser des questions ouvrant sur<br />
d’autres temps de la vie du suj<strong>et</strong>, de faire des comm<strong>en</strong>taires mais qui ne<br />
doiv<strong>en</strong>t être ni des jugem<strong>en</strong>ts, positifs ou négatifs, ni des interprétations.