Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
CONSÉQUENCES À COURT ET MOYEN TERME DU TRAUMATISME 47<br />
Les syndromes psychotraumatiques précoces<br />
Ils apparaiss<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t dans un contexte où l’événem<strong>en</strong>t traumatique<br />
est sans cesse rappelé à la consci<strong>en</strong>ce du suj<strong>et</strong> : succession de<br />
secousses sismiques, rediffusion à la télévision des images de l’att<strong>en</strong>tat,<br />
exposition répétée à des tirs <strong>en</strong>nemis, <strong>et</strong>c. Les cauchemars apparaiss<strong>en</strong>t<br />
souv<strong>en</strong>t dès <strong>les</strong> premières nuits, ainsi que des revivisc<strong>en</strong>ces diurnes. Ils<br />
évolu<strong>en</strong>t soit vers une guérison spontanée, soit vers la phase de lat<strong>en</strong>ce<br />
d’une auth<strong>en</strong>tique névrose traumatique, soit vers l’installation d’emblée<br />
d’une névrose traumatique.<br />
Les troub<strong>les</strong> thymiques<br />
Il y a certains li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre ce rappel à l’imaginaire que constitu<strong>en</strong>t<br />
le trauma <strong>et</strong> la surv<strong>en</strong>ue év<strong>en</strong>tuelle d’un trouble thymique. Néanmoins<br />
dans l’immédiat ou le post-immédiat, la dépression, qui peut être de<br />
niveau mélancolique <strong>et</strong> conduire au suicide, a surtout rapport avec <strong>les</strong><br />
pertes occasionnées par l’événem<strong>en</strong>t : perte d’un proche, d’une partie<br />
du corps, d’un bi<strong>en</strong> comme une maison, ou perte au niveau des idéaux<br />
(s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’impuissance tragique, perte de l’honneur...). La r<strong>en</strong>contre<br />
avec le réel de la mort ne fait que donner un poids supplém<strong>en</strong>taire<br />
au caractère irrémédiable de ce qui est adv<strong>en</strong>u. Il peut arriver que c<strong>et</strong><br />
état dépressif se prés<strong>en</strong>te sous la forme d’une exaltation thymique avec<br />
euphorie poussant le suj<strong>et</strong> à des actes qui n’<strong>en</strong> ont pas moins, dans <strong>les</strong><br />
faits, une dim<strong>en</strong>sion suicidaire. Dans l’<strong>en</strong>semble, <strong>les</strong> troub<strong>les</strong> thymiques<br />
graves sont de mauvais augure <strong>et</strong> nécessit<strong>en</strong>t une grande vigilance de<br />
la part des thérapeutes. Des études ont montré qu’une dépression dans<br />
<strong>les</strong> suites immédiates d’un traumatisme était un bon prédicteur pour la<br />
surv<strong>en</strong>ue ultérieure d’un PTSD.<br />
Les décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>ts psychotiques<br />
Il est maint<strong>en</strong>ant admis de la part des clinici<strong>en</strong>s qui sont spécialisés<br />
dans le soin aux victimes d’un événem<strong>en</strong>t critique que le traumatisme<br />
est capable de décl<strong>en</strong>cher une psychose chronique, schizophrénique ou<br />
paranoïaque chez des suj<strong>et</strong>s dont la structure est déjà psychotique, mais<br />
qui étai<strong>en</strong>t jusqu’alors bi<strong>en</strong> comp<strong>en</strong>sés <strong>et</strong> m<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t une vie ordinaire<br />
(Vergnes, 2004). Ce décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t se fait selon plusieurs modes :<br />
brutal avec le surgissem<strong>en</strong>t d’une psychose délirante aiguë, insidieux<br />
par l’installation l<strong>en</strong>te <strong>et</strong> progressive d’une p<strong>en</strong>sée délirante, camouflée<br />
par une symptomatologie qui ressemble p<strong>en</strong>dant des mois, voire des<br />
années, à celle d’une névrose traumatique grave. Toutefois, dans ce