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Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge

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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />

LES SOINS POST-IMMÉDIATS (LE DÉBRIEFING) 159<br />

Ces zones d’ombre ont un pouvoir pathogène. Dans le meilleur des<br />

cas, le débriefing pourra être complété des années plus tard quand,<br />

par exemple, un « détail » important « revi<strong>en</strong>dra » tout à coup au suj<strong>et</strong>.<br />

C<strong>et</strong>te méthode, que nous qualifions d’un peu inquisitoriale, se distingue<br />

particulièrem<strong>en</strong>t des groupes de parole où c’est le participant qui décide<br />

<strong>en</strong> toute souverain<strong>et</strong>é de ce qu’il va dire ou ne pas dire.<br />

Le suj<strong>et</strong> interrogé devra, comme on l’a dit plus haut, à chaque fois<br />

relater <strong>les</strong> faits qu’il a perçus, <strong>les</strong> émotions que ces faits ont suscitées<br />

<strong>en</strong> lui, <strong>les</strong> p<strong>en</strong>sées qui lui sont alors v<strong>en</strong>ues, voire ses s<strong>en</strong>sations<br />

corporel<strong>les</strong>. C’est une des grandes différ<strong>en</strong>ces d’avec le débriefing de<br />

Mitchell où ces trois élém<strong>en</strong>ts font l’obj<strong>et</strong> à chaque fois d’un tour<br />

compl<strong>et</strong> dans le groupe.<br />

« Les victimes ress<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t le besoin d’exprimer leur émotion, de la verbaliser,<br />

de t<strong>en</strong>ir ce discours inaugural qui induit la <strong>prise</strong> de consci<strong>en</strong>ce<br />

de leur propre vérité. Si on réfrène ce besoin d’énonciation <strong>et</strong> qu’on<br />

leur impose le long préalable d’une narration descriptive des situations,<br />

puis des faits, puis des actions, puis des p<strong>en</strong>sées, pour reporter à plus<br />

tard l’expression des émotions, on tarit leur source, on décourage l’<strong>en</strong>vie<br />

de s’exprimer <strong>et</strong> on induit un style narratif dont le suj<strong>et</strong> ne pourra plus<br />

se départir <strong>et</strong> qui, <strong>en</strong> outre, peut induire ou r<strong>en</strong>forcer un syndrome de<br />

répétition. » (Crocq, 1999).<br />

Pour <strong>les</strong> faits, il n’est pas recherché une réalité de l’événem<strong>en</strong>t à<br />

m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> opposition avec la façon dont celui-ci a été perçu par chacun.<br />

En particulier le débriefeur n’occupe pas c<strong>et</strong>te position qui consiste à<br />

savoir ce qui s’est réellem<strong>en</strong>t passé. Chaque récit est admis comme tel<br />

puisqu’il est le support sur lequel vont s’élaborer <strong>les</strong> fantasmes du suj<strong>et</strong>.<br />

C’est à partir des faits, tels qu’ils ont été perçus par la victime, qu’une<br />

parole reconstructrice va pouvoir être proférée. Les émotions ont égalem<strong>en</strong>t<br />

valeur de témoignage, Ce n’est pas leur vertu « abréactive » qui<br />

est recherchée mais la force que l’émotion donne aux mots prononcés.<br />

L’émotion marque l’ancrage du suj<strong>et</strong> dans <strong>les</strong> différ<strong>en</strong>ts mom<strong>en</strong>ts de<br />

l’événem<strong>en</strong>t qu’il a traversés. Un jugem<strong>en</strong>t prononcé par <strong>les</strong> débriefeurs<br />

sur <strong>les</strong> émotions exprimées est toujours malv<strong>en</strong>u.<br />

La phrase <strong>en</strong>t<strong>en</strong>due souv<strong>en</strong>t, « Vous avez une réaction normale à une<br />

situation anormale », procède de c<strong>et</strong>te idée que <strong>les</strong> émotions doiv<strong>en</strong>t<br />

se juger <strong>en</strong> termes de normalité. Les intéressés d’ailleurs att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t ce<br />

type de réassurance. Mais cela ne <strong>les</strong> avance pas beaucoup <strong>et</strong> décourage<br />

l’expression de ce qu’ont de particulier leurs réactions. Au lieu de <strong>les</strong><br />

faire taire avec ce g<strong>en</strong>re d’affirmations, mieux vaut <strong>les</strong> inciter à dire le<br />

plus possible ce qu’ils ont ress<strong>en</strong>ti à tel ou tel mom<strong>en</strong>t.

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