Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
LA NÉVROSE TRAUMATIQUE DÉCLENCHÉE 71<br />
ranger parmi <strong>les</strong> psychoses, on voit bi<strong>en</strong>, à travers sa symptomatologie,<br />
que seule l’effraction traumatique rappelle un phénomène psychotique.<br />
FORMES CLINIQUES<br />
Il est nécessaire de s’attarder sur <strong>les</strong> formes <strong>clinique</strong>s. La <strong>clinique</strong>,<br />
telle que nous l’avons décrite, indique à juste titre que le syndrome<br />
de répétition est pathognomonique de la névrose traumatique, <strong>et</strong> lui<br />
seul. Même <strong>les</strong> derniers DSM font obligation, pour pouvoir porter le<br />
diagnostic de PTSD, que soit prés<strong>en</strong>t au moins un des items du critère<br />
B qui est celui des cinq critères qui est le plus proche de notre syndrome<br />
de répétition. Si, dans la pratique, il est vrai que nous recevons généralem<strong>en</strong>t<br />
des pati<strong>en</strong>ts sur la foi de cauchemars typiques ou de revivisc<strong>en</strong>ces,<br />
il n’<strong>en</strong> va pas toujours ainsi. Il faut t<strong>en</strong>ir compte du mécanisme du déni.<br />
La prés<strong>en</strong>ce de cauchemars est attestée par l’<strong>en</strong>tourage ou par le suj<strong>et</strong><br />
lui-même que son agitation nocturne fait tomber du lit ou qui s’étonne<br />
de ses réveils <strong>en</strong> sursaut, accompagnés d’angoisse. Mais aucune image<br />
ne vi<strong>en</strong>t leur indiquer l’origine de leur activité nocturne.<br />
Nous pouvons citer l’exemple de ce pati<strong>en</strong>t rescapé de l’explosion de l’usine<br />
d’AZF, qui était à quelques mètres du lieu de l’explosion, <strong>et</strong> s’<strong>en</strong> était sorti<br />
par miracle, sans une égratignure. Il nous avait été adressé par un confrère<br />
qui l’avait <strong>en</strong> psychothérapie. Notre confrère voyait <strong>les</strong> troub<strong>les</strong> de son<br />
pati<strong>en</strong>t s’aggraver : il s’isolait de plus <strong>en</strong> plus, aussi bi<strong>en</strong> de sa famille que<br />
de ses voisins <strong>et</strong> amis. Nous l’avons hospitalisé <strong>et</strong> il a r<strong>et</strong>rouvé la parole<br />
<strong>et</strong> une appar<strong>en</strong>te bonne humeur. Nous l’avons, comme le souhaitait notre<br />
confrère, « débriefé ». Il a fait un récit détaillé mais sans que jamais aucune<br />
émotion n’intervi<strong>en</strong>ne dans sa narration. Il ne faisait pas de cauchemars,<br />
disait-il, mais deux à trois nuits par semaine, il se r<strong>et</strong>rouvait au bas de son<br />
lit. Il a quitté l’hôpital, cont<strong>en</strong>t de son séjour, mais pas plus avancé du côté<br />
de sa névrose traumatique. Il était décidé à repr<strong>en</strong>dre sa course d’obstac<strong>les</strong><br />
au dédommagem<strong>en</strong>t qui lui était dû mais refusé depuis trois ans, mais pas<br />
du tout décidé à r<strong>et</strong>rouver du travail, ce qui était pourtant facile pour lui dans<br />
sa spécialité.<br />
Le déni est <strong>en</strong>core plus massif chez <strong>les</strong> victimes qui ont des<br />
symptômes mais aucun souv<strong>en</strong>ir de l’épisode traumatique. Il ne<br />
faut d’ailleurs pas trop <strong>les</strong> pousser à y rev<strong>en</strong>ir, sous peine de ne plus<br />
jamais <strong>les</strong> revoir, ou même de <strong>les</strong> aggraver s’ils prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une affection<br />
psychosomatique.