Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
LES SOINS POST-IMMÉDIATS (LE DÉBRIEFING) 157<br />
chambrée de huit hommes. Ils insist<strong>en</strong>t tous pour que le huitième soldat,<br />
qui n’avait pas vécu l’événem<strong>en</strong>t, participe néanmoins à la séance. Les<br />
débriefeurs finiss<strong>en</strong>t par accepter c<strong>et</strong>te <strong>en</strong>torse à la règle qui préconise<br />
que seuls ceux qui ont vécu l’événem<strong>en</strong>t assist<strong>en</strong>t au débriefing. Il s’avère,<br />
comme le prouve le déroulem<strong>en</strong>t de la séance, qu’ils avai<strong>en</strong>t raison : une<br />
perte dans le groupe suffisait, <strong>et</strong> le soldat resté sur place avait besoin de<br />
participer au moins à l’expression de la douleur de ses camarades. La<br />
séance a débuté sur de viol<strong>en</strong>tes récriminations : si leur camarade avait<br />
été évacué sur un hôpital parisi<strong>en</strong>, il ne serait pas mort, mais cela coûtait<br />
trop cher ; pour un gradé, ç’aurait été différ<strong>en</strong>t... Le débriefing était m<strong>en</strong>é<br />
par un psychiatre <strong>et</strong> par un médecin d’unité. Ce dernier est allé chercher un<br />
tableau papier <strong>et</strong> leur a fait un cours sur l’hématome extradural. Il a pu leur<br />
expliquer pourquoi il n’y avait plus ri<strong>en</strong> à faire quand le b<strong>les</strong>sé était arrivé<br />
à l’hôpital de campagne <strong>et</strong> quels signes il prés<strong>en</strong>tait qui perm<strong>et</strong>tai<strong>en</strong>t de<br />
le savoir. Ce faisant, le médecin contrev<strong>en</strong>ait à une deuxième règle, dont<br />
nous parlerons plus loin, qui veut que <strong>les</strong> débriefeurs n’oppos<strong>en</strong>t pas aux<br />
débriefés une réalité des faits. Néanmoins c<strong>et</strong> exposé paraissait nécessaire<br />
<strong>et</strong> a suffisamm<strong>en</strong>t convaincu <strong>les</strong> participants pour que le débriefing puisse<br />
comm<strong>en</strong>cer (Raingeard, communication personnelle).<br />
Le fait que <strong>les</strong> débriefeurs soi<strong>en</strong>t des thérapeutes leur perm<strong>et</strong> d’avoir<br />
vis-à-vis des règ<strong>les</strong> une certaine liberté <strong>et</strong> d’observer une certaine soup<strong>les</strong>se<br />
selon <strong>les</strong> circonstances.<br />
Le déroulem<strong>en</strong>t de la séance<br />
Au comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t de la séance, <strong>les</strong> débriefeurs se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t, dis<strong>en</strong>t<br />
qui <strong>les</strong> a <strong>en</strong>voyés, qui <strong>les</strong> a sollicités, <strong>et</strong> inform<strong>en</strong>t le groupe du processus<br />
qui a abouti à leur v<strong>en</strong>ue <strong>et</strong> à l’organisation de la séance. Ils prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>suite le débriefing <strong>en</strong> indiquant l’intérêt qu’il y a à parler d’un<br />
événem<strong>en</strong>t de c<strong>et</strong>te nature, événem<strong>en</strong>t qui a eu un r<strong>et</strong><strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t sur<br />
chaque individu comme sur le groupe dans son <strong>en</strong>semble. On rappelle<br />
égalem<strong>en</strong>t aux personnes prés<strong>en</strong>tes que la participation au débriefing<br />
n’est pas obligatoire, de même que chacun peut choisir de se taire.<br />
Est énoncée <strong>en</strong>suite une loi de confid<strong>en</strong>tialité : ri<strong>en</strong> de ce qui sera<br />
dit au cours de c<strong>et</strong>te réunion ne devra être répété à l’extérieur, ni par<br />
<strong>les</strong> m<strong>en</strong>eurs ni par <strong>les</strong> participants. C<strong>et</strong>te question de la confid<strong>en</strong>tialité<br />
est assez complexe ; si, au départ, <strong>les</strong> participants manifest<strong>en</strong>t un certain<br />
scepticisme, ils oubli<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>t leur réserve <strong>et</strong> à la fin du débriefing,<br />
si celui-ci s’est bi<strong>en</strong> passé, leur confiance est totale. Il convi<strong>en</strong>t donc<br />
qu’ils soi<strong>en</strong>t assurés de la confid<strong>en</strong>tialité. Cep<strong>en</strong>dant, dans le même<br />
temps, ils peuv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t chercher à convaincre <strong>les</strong> débriefeurs de<br />
témoigner pour eux, devant <strong>les</strong> autorités, de ce qui s’est dit de leur<br />
souffrance (on peut citer comme exemple celui d’un groupe de policiers