Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
LA NÉVROSE TRAUMATIQUE DÉCLENCHÉE 65<br />
Ainsi une p<strong>et</strong>ite fille de douze ans avait assisté par hasard, avant la guerre<br />
de 1939, <strong>en</strong> allant chercher du pain, à une exécution capitale à la guillotine.<br />
P<strong>en</strong>dant quelques mois, elle a fait le cauchemar suivant : sa mère coupait<br />
du pain avec le tranchoir de la maison <strong>et</strong> du sang sortait de la mie. Elle<br />
n’a prés<strong>en</strong>té aucun autre symptôme, ni dans sa vie familiale, ni à l’école. Il<br />
faut néanmoins remarquer que dans ce cas l’image traumatique a déjà fait<br />
l’obj<strong>et</strong> d’une élaboration.<br />
Les cauchemars<br />
Comme on l’a déjà vu, ils reproduis<strong>en</strong>t l’événem<strong>en</strong>t initiateur de la<br />
névrose <strong>et</strong> ont <strong>les</strong> caractéristiques suivantes : l’événem<strong>en</strong>t est revécu<br />
dans le cauchemar tel qu’il a été perçu, au détail près, <strong>et</strong> est accompagné<br />
de la certitude effrayante que l’événem<strong>en</strong>t est <strong>en</strong> train de se produire.<br />
Parfois, à bref délai ou plus tard, d’autres cauchemars apparaiss<strong>en</strong>t <strong>et</strong> se<br />
manifest<strong>en</strong>t <strong>en</strong> alternance avec le cauchemar de répétition, ou même<br />
remplac<strong>en</strong>t celui-ci. Ils m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> scène des événem<strong>en</strong>ts tout aussi<br />
effroyab<strong>les</strong> <strong>et</strong> qui ont un rapport direct avec l’événem<strong>en</strong>t réel : divers<br />
modes d’agression mortelle chez un soldat, une variété de catastrophes<br />
aéri<strong>en</strong>nes chez une hôtesse de l’air, <strong>et</strong>c. Les cauchemars associés ou<br />
de substitution témoign<strong>en</strong>t d’un début d’élaboration de l’image traumatique<br />
(Briole, 1988a).<br />
Un rescapé d’un att<strong>en</strong>tat, gravem<strong>en</strong>t b<strong>les</strong>sé, ajoutait à son cauchemar princeps<br />
d’autres cauchemars où il vivait diverses av<strong>en</strong>tures dans le royaume<br />
des morts. Il lui arrivait même d’avoir un acte sexuel avec l’une de ces<br />
ombres. Il se réveillait de ces images particulièrem<strong>en</strong>t épouvanté <strong>et</strong> culpabilisé.<br />
Les revivisc<strong>en</strong>ces diurnes<br />
P<strong>en</strong>dant la journée, dans des circonstances qui peuv<strong>en</strong>t s’y prêter,<br />
le suj<strong>et</strong> revit la scène traumatique. Deux réalités se superpos<strong>en</strong>t alors,<br />
que le suj<strong>et</strong> perçoit <strong>en</strong> même temps : le réel de la scène <strong>et</strong> la réalité de<br />
l’instant prés<strong>en</strong>t.<br />
Par exemple ce casque bleu r<strong>en</strong>tré récemm<strong>en</strong>t de Sarajevo déambule<br />
dans une rue de Paris <strong>et</strong> voit tout à coup des fusils apparaître aux f<strong>en</strong>êtres<br />
des immeub<strong>les</strong>, comme dans Snipper Alley ; il se j<strong>et</strong>te immédiatem<strong>en</strong>t<br />
sous une voiture pour se m<strong>et</strong>tre à l’abri. Il est néanmoins consci<strong>en</strong>t tout<br />
le temps qu’il est dans une rue de Paris <strong>et</strong> qu’il n’y a pas de snipper.<br />
Il peut arriver aussi que ces revivisc<strong>en</strong>ces s’accompagn<strong>en</strong>t d’une<br />
modification de l’état de consci<strong>en</strong>ce.