Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
LES SOINS IMMÉDIATS 133<br />
dev<strong>en</strong>us de grands amis, leurs famil<strong>les</strong> se voi<strong>en</strong>t beaucoup la semaine <strong>et</strong><br />
le week-<strong>en</strong>d. Leurs <strong>en</strong>quêtes <strong>les</strong> amèn<strong>en</strong>t à faire <strong>en</strong>semble de longs traj<strong>et</strong>s<br />
<strong>en</strong> voiture, <strong>en</strong> France <strong>et</strong> à l’étranger. Un jour, une moto brûle un feu rouge<br />
<strong>et</strong> s’écrase sur leur pare-brise. Patrick a de légères b<strong>les</strong>sures, mais son ami<br />
est <strong>en</strong> train de mourir sur le siège d’à côté. Il a <strong>en</strong>core <strong>les</strong> yeux ouverts <strong>et</strong><br />
mobi<strong>les</strong> mais vomit du sang <strong>et</strong> des morceaux de verre.<br />
L’accid<strong>en</strong>t ne cessera de rev<strong>en</strong>ir dans ses cauchemars. Il est totalem<strong>en</strong>t<br />
dépressif, aboulique, plus ri<strong>en</strong> ne l’intéresse. La nuit, il est réveillé par des<br />
coups de téléphone, il décroche, persuadé que c’est son ami qui l’appelle.<br />
Ou il <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d du bruit au rez-de-chaussée de sa maison, une voix, <strong>et</strong> il part<br />
à la recherche de son ami.<br />
Dans ce cas, le traitem<strong>en</strong>t des deux traumas (celui de sa propre mort<br />
<strong>et</strong> celui de la mort de son ami) passe par l’atténuation des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts<br />
de deuil. Patrick est très attaché à la relation thérapeutique, qui dure<br />
maint<strong>en</strong>ant depuis trois mois. Seul résultat pour le mom<strong>en</strong>t : la fin<br />
des « visites » de son ami, chez un suj<strong>et</strong> qui ne demande qu’à être<br />
accompagné dans la détresse.<br />
Il s’agit dans ce cas de pathologies très complexes à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong><br />
<strong>charge</strong>, car <strong>les</strong> images du trauma r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t à la perte de l’être cher <strong>et</strong><br />
la souffrance du deuil r<strong>en</strong>voie à la scène traumatique.<br />
Soins immédiats <strong>et</strong> soins précoces<br />
Or il y aurait lieu, comme dans le chapitre « Clinique », de distinguer<br />
<strong>les</strong> soins immédiats <strong>et</strong> <strong>les</strong> soins précoces. En eff<strong>et</strong>, beaucoup d’interv<strong>en</strong>tions<br />
immédiates ne s’arrêt<strong>en</strong>t pas à la première r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre le<br />
soignant <strong>et</strong> la, ou plus souv<strong>en</strong>t, <strong>les</strong> victimes (Cremniter, 2005 ; Passamar<br />
2001-2005). Il arrive que de véritab<strong>les</strong> chantiers soi<strong>en</strong>t ouverts à la suite<br />
d’un grand drame, <strong>et</strong> que <strong>les</strong> mêmes interv<strong>en</strong>ants, qui ont été sollicités<br />
dans l’immédiat, doiv<strong>en</strong>t poursuivre leur action <strong>les</strong> jours suivants. Le<br />
relais dans ces cas se fera sur un autre, sur d’autres thérapeutes plus tard,<br />
si possible après <strong>en</strong> avoir discuté longuem<strong>en</strong>t avec <strong>les</strong> intéressés. Ce<br />
sont souv<strong>en</strong>t des raisons de proximité <strong>et</strong> géographiques qui sont <strong>prise</strong>s<br />
<strong>en</strong> compte pour l’attribution de tel ou tel thérapeute. Par exemple, la<br />
cellule d’urg<strong>en</strong>ce médicopsychologique (CUMP) de Paris a organisé,<br />
lors de l’inc<strong>en</strong>die de l’hôtel Paris-Opéra surv<strong>en</strong>u dans la nuit du 14<br />
au 15 avril 2005, des soins p<strong>en</strong>dant plusieurs jours pour des famil<strong>les</strong><br />
d’immigrés <strong>en</strong>deuillées <strong>et</strong> parfois traumatisées.