Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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94 CLINIQUE<br />
chez ceux qui guériss<strong>en</strong>t spontaném<strong>en</strong>t <strong>et</strong> rapidem<strong>en</strong>t, mais là, il faut<br />
avouer que nous <strong>les</strong> connaissons mal. Nous connaissons mieux ceux<br />
qui n’ont besoin que de quelques <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s pour sortir de leur trauma<br />
avant même que ne s’installe une névrose traumatique. Certes, <strong>les</strong><br />
personnalités névrotico-norma<strong>les</strong> sembl<strong>en</strong>t dominer c<strong>et</strong>te population<br />
mais on r<strong>en</strong>contre aussi toute sorte de pathologies. Dans ces cas, ces<br />
pati<strong>en</strong>ts sembl<strong>en</strong>t avoir un point commun : un auth<strong>en</strong>tique désir de<br />
savoir. Il est <strong>en</strong>core plus vrai que des personnalités pathologiques dans<br />
des circonstances qui ont b<strong>les</strong>sé psychiquem<strong>en</strong>t leur camarade resteront<br />
indemnes. Là aussi, nous ne <strong>les</strong> connaissons pas <strong>et</strong> il est bi<strong>en</strong> difficile<br />
de dire pourquoi ils n’ont pas été affectés.<br />
La biographie<br />
Les facteurs t<strong>en</strong>ant à la biographie recoup<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> sûr généralem<strong>en</strong>t<br />
<strong>les</strong> problèmes de personnalité, mais ce n’est pas ici ce qui est le plus<br />
intéressant. Ces pati<strong>en</strong>ts peuv<strong>en</strong>t se partager <strong>en</strong> deux catégories, ceux<br />
dont la vie est précocem<strong>en</strong>t marquée par la viol<strong>en</strong>ce, viol<strong>en</strong>ce subie<br />
dans l’<strong>en</strong>fance puis agie à l’ado<strong>les</strong>c<strong>en</strong>ce <strong>et</strong> à l’âge adulte, <strong>et</strong> ceux qui<br />
ont connu une succession importante de deuils (<strong>les</strong> deuils réc<strong>en</strong>ts de<br />
personnes proches, frère ou sœur par exemple, sont <strong>les</strong> plus fragilisants).<br />
Événem<strong>en</strong>ts de vie, antécéd<strong>en</strong>ts personnels <strong>et</strong> familiaux ayant rapport<br />
avec le traumatisme<br />
Il va nous falloir citer des exemp<strong>les</strong> tellem<strong>en</strong>t ce groupe est hétérogène.<br />
– Ce soldat a perdu son frère dans un accid<strong>en</strong>t de la circulation trois mois<br />
avant d’aller au Zaïre transporter des cadavres.<br />
– C<strong>et</strong> autre a un p<strong>et</strong>it neveu qui avait un an avant son départ pour Sarajevo.<br />
En patrouille, il découvre un charnier sur lequel, bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce, était<br />
déposé le corps d’un <strong>en</strong>fant de c<strong>et</strong> âge. Aussi bouleversé que lui, le camarade<br />
qui l’accompagnait a le réflexe absurde d’uriner sur le p<strong>et</strong>it cadavre. Il<br />
se protège par la dérision du trauma (attitude souv<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>contrée dans de<br />
tel<strong>les</strong> circonstances). Mais il aggrave celui de l’autre soldat.<br />
– C<strong>et</strong>te victime de l’explosion d’AZF, <strong>prise</strong> <strong>en</strong> <strong>charge</strong> seulem<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant,<br />
gravem<strong>en</strong>t traumatisée, r<strong>et</strong>rouve dans ses souv<strong>en</strong>irs que son père<br />
avait exactem<strong>en</strong>t <strong>les</strong> mêmes comportem<strong>en</strong>ts que ceux qu’il a aujourd’hui :<br />
insomnies, semi-mutisme, t<strong>en</strong>dance à s’isoler ou à partir pour de longues<br />
prom<strong>en</strong>ades solitaires. Il se souvi<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant aussi que son père, au<br />
sortir d’un camp de déportation <strong>en</strong> Autriche, avait participé avec des g<strong>en</strong>s<br />
de son anci<strong>en</strong> réseau aux massacres de collaborateurs. Écœuré, il avait fui<br />
leur groupe mais était resté traumatisé.