Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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2 INTRODUCTION<br />
armées ont appris à reconnaître <strong>et</strong> à soigner c<strong>et</strong>te pathologie. M<strong>en</strong>tionnons<br />
à c<strong>et</strong>te place d’initiateur le docteur, puis professeur, Barrois, qui<br />
était aussi psychanalyste, <strong>et</strong> dont <strong>les</strong> travaux eur<strong>en</strong>t pour eff<strong>et</strong> d’ori<strong>en</strong>ter<br />
<strong>les</strong> spécialistes militaires vers <strong>les</strong> conceptions freudi<strong>en</strong>nes du trauma.<br />
Disons que c<strong>et</strong> intérêt ne partait pas de ri<strong>en</strong>, <strong>et</strong> que la lecture de<br />
devanciers de la guerre de 1914, comme Fribour-Blanc ou Hesnard,<br />
obligeait <strong>les</strong> psychiatres militaires à pr<strong>en</strong>dre la névrose traumatique au<br />
sérieux, <strong>en</strong> dépit de la méconnaissance où elle était maint<strong>en</strong>ue d’une<br />
manière générale.<br />
En 1995, lors de la création des cellu<strong>les</strong> d’urg<strong>en</strong>ce médicopsychologiques<br />
(CUMP), à Paris d’abord, psychiatres <strong>et</strong> psychologues <strong>et</strong> infirmiers<br />
psychiatriques, militaires <strong>et</strong> civils se sont trouvés <strong>en</strong>semble pour<br />
former la première équipe. Elle avait pour mission de constituer un<br />
dispositif immédiatem<strong>en</strong>t opérationnel, de réfléchir à une organisation<br />
pér<strong>en</strong>ne <strong>et</strong> ét<strong>en</strong>due sur tout le territoire, <strong>et</strong> de poser des principes<br />
d’action <strong>et</strong> des axes théoriques. À c<strong>et</strong>te occasion, <strong>les</strong> militaires se sont<br />
aperçus que quelques-uns de leurs collègues civils avai<strong>en</strong>t réfléchi sur le<br />
trauma <strong>et</strong> avai<strong>en</strong>t des lieux de consultation pour <strong>les</strong> pati<strong>en</strong>ts traumatisés.<br />
Nous découvrîmes aussi l’impact considérable qu’avait la psychiatrie<br />
américaine dans ce champ, même si quelques pratici<strong>en</strong>s formés à la<br />
psychanalyse t<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t d’infléchir <strong>les</strong> théories <strong>et</strong> pratiques anglophones.<br />
Le problème était, <strong>et</strong> est <strong>en</strong>core, que l’ext<strong>en</strong>sion des CUMP am<strong>en</strong>ait le<br />
recrutem<strong>en</strong>t de psychiatres <strong>et</strong> de psychologues <strong>en</strong> grand nombre qui ne<br />
trouvai<strong>en</strong>t pour se former que des artic<strong>les</strong> <strong>et</strong> livres produits aux États-<br />
Unis. Ils <strong>en</strong> mesurai<strong>en</strong>t <strong>les</strong> limites quand il fallait passer à la pratique.<br />
Une formation fut mise <strong>en</strong> place à Paris <strong>et</strong> <strong>en</strong> de nombreuses vil<strong>les</strong> de<br />
province sous la direction du professeur Crocq. Une Revue francophone<br />
du stress <strong>et</strong> du trauma fut créée <strong>en</strong> commun avec des psychologues <strong>et</strong><br />
des psychiatres suisses <strong>et</strong> belges (<strong>en</strong> particulier A. Andreoli à G<strong>en</strong>ève<br />
<strong>et</strong> M. De Clercq à Bruxel<strong>les</strong>). L’association de langue française pour<br />
l’étude du stress <strong>et</strong> du trauma, créée <strong>en</strong> 1990 par L. Crocq, fut revitalisée<br />
<strong>et</strong> le docteur Louville créa une association pour la formation des CUMP.<br />
Ainsi le courant de la « psychotraumatologie » francophone parvi<strong>en</strong>t<br />
vite à maturité, des livres <strong>et</strong> des artic<strong>les</strong> <strong>en</strong> grand nombre paraiss<strong>en</strong>t.<br />
Ce livre vi<strong>en</strong>t dans la continuité de ces travaux. Sa construction est<br />
inhabituelle, car il ne se veut ni un manuel de « psychotraumatologie<br />
», ni le simple témoignage d’un psychiatre ayant tr<strong>en</strong>te années de<br />
pratique dans ce champ. Il est un peu des deux, avec des chapitres<br />
construits comme une question de médecine <strong>et</strong> d’autres écrits comme<br />
le résultat d’une expéri<strong>en</strong>ce. Beaucoup d’illustrations <strong>clinique</strong>s sont<br />
proposées, même dans <strong>les</strong> parties <strong>les</strong> plus « universitaires ». Il est un