Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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82 CLINIQUE<br />
Le suicide 1<br />
Après la guerre américaine du Vi<strong>et</strong>nam, le nombre de suicides chez<br />
<strong>les</strong> vétérans de ce conflit avait été estimé équival<strong>en</strong>t au nombre de tués<br />
au combat.<br />
Les études épidémiologiques faites quelques années plus tard n’ont<br />
pas confirmé ces chiffres, sans qu’il soit possible non plus de <strong>les</strong> récuser<br />
totalem<strong>en</strong>t : il était dev<strong>en</strong>u difficile de rec<strong>en</strong>ser <strong>les</strong> suicides dans la zone<br />
de combat <strong>et</strong> sur le territoire national dans l’immédiat après-guerre. En<br />
revanche, la population des vétérans porteurs d’un PTSD a fait l’obj<strong>et</strong> de<br />
nombreuses recherches dont certaines ont pris comme cible le suicide<br />
<strong>et</strong> <strong>les</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts de culpabilité (Pollock <strong>et</strong> al., 1990).<br />
Une étude m<strong>en</strong>ée <strong>en</strong> 1987 (C<strong>en</strong>ters for Disease control Vi<strong>et</strong>nam<br />
Experi<strong>en</strong>ce Study, 1987) sur 10 000 soldats montre une surmortalité de<br />
17 % chez ceux qui sont allés au Vi<strong>et</strong>nam, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t par AVP,<br />
suicide <strong>et</strong> usage de toxiques. T. Kramer trouve, lui, 60 % de gestes suicidaires<br />
chez <strong>les</strong> vétérans dont le PTSD s’accompagne d’un syndrome<br />
dépressif (Kramer <strong>et</strong> al., 1994), ce qui est presque généralem<strong>en</strong>t le cas.<br />
H<strong>en</strong>din (H<strong>en</strong>din <strong>et</strong> Pollinger Haas, 1991) m<strong>et</strong> <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce chez ces<br />
pati<strong>en</strong>ts <strong>les</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts de culpabilité comme facteur prédictif du risque<br />
suicidaire. L’<strong>en</strong>semble des travaux américains montre une élévation très<br />
significative des taux de suicide ou de t<strong>en</strong>tative de suicide dans c<strong>et</strong>te<br />
population de vétérans du Vi<strong>et</strong>nam avec PTSD, mais aussi <strong>en</strong> milieu<br />
civil à la suite de catastrophes, agressions, accid<strong>en</strong>ts, <strong>et</strong>c. (Lefranc,<br />
1998). D’autres études, dans d’autres pays, aboutiss<strong>en</strong>t à des résultats<br />
similaires : citons cel<strong>les</strong> de G. Loughrey <strong>en</strong> Irlande du Nord (Loughrey<br />
<strong>et</strong> al. 1992), A.-K. Go<strong>en</strong>jian après le tremblem<strong>en</strong>t de terre <strong>en</strong> Arménie<br />
(Go<strong>en</strong>jian, 1993), M. Ferrada-Noli sur une population de réfugiés<br />
(Ferrada-Noli <strong>et</strong> al. 1998). En France, J.-M. Darves-Bonoz s’est intéressé<br />
aux conséqu<strong>en</strong>ces psychopathologiques du viol (Darves-Bonoz <strong>et</strong><br />
al., 1996, <strong>et</strong> Darves-Bonoz, 1996). Son premier article est une étude<br />
de 90 pati<strong>en</strong>ts psychiatriques. Il trouve 64 % de t<strong>en</strong>tatives de suicide<br />
répétées chez <strong>les</strong> pati<strong>en</strong>tes affectées de PTSD après un viol <strong>et</strong> montre<br />
que c’est le PTSD après un viol qui est un facteur de risque <strong>et</strong> non le viol<br />
indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t du PTSD. Dans une autre étude, celle-ci prospective,<br />
sur 102 pati<strong>en</strong>tes victimes de viol, il r<strong>et</strong>rouve 39 % de t<strong>en</strong>tatives de<br />
1. Extrait d’une communication faite au GEPS (Groupe d’étude <strong>et</strong> de prév<strong>en</strong>tion sur<br />
le suicide) à Albi, <strong>et</strong> parue <strong>en</strong>suite dans la Revue française de psychiatrie <strong>et</strong> de psychologie<br />
médicale. Les référ<strong>en</strong>ces bibliographiques américaines ainsi que <strong>les</strong> données<br />
statistiques américaines sont dues au médecin principal J.-D. Nicolas, cosignataire de<br />
l’article.