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Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge

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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />

QUATRE OBSERVATIONS DE PRISES EN CHARGE 191<br />

d’un père <strong>et</strong> d’une mère, que je pouvais me débrouiller seul, je rêvais de<br />

succès éblouissants. »<br />

L’évocation de ces souv<strong>en</strong>irs marque l’ouverture d’une période dangereuse.<br />

Certains jours, il absorbe une dose de bière modérée mais<br />

suffisante pour le m<strong>et</strong>tre dans un état particulier où il comm<strong>et</strong> des actes<br />

inquiétants, à l’intérieur ou l’extérieur de l’hôpital : bagarres dans <strong>les</strong><br />

bars, m<strong>en</strong>aces <strong>en</strong>vers le personnel de sécurité, vol de voiture, fugue <strong>en</strong><br />

province, <strong>et</strong>c. Une fois il terrorise une aide-soignante qui est persuadée<br />

qu’il va la violer. Il ne se souvi<strong>en</strong>t pas toujours exactem<strong>en</strong>t de ce qui<br />

s’est passé :<br />

« Quand j’ai fait ces conneries, je ne s<strong>en</strong>s pas de remords. Je ne me<br />

s<strong>en</strong>s coupable que d’avoir à m’<strong>en</strong> expliquer devant vous. »<br />

Il finit par pr<strong>en</strong>dre consci<strong>en</strong>ce qu’il dépasse <strong>les</strong> limites à la suite de<br />

m<strong>en</strong>aces très sérieuse de son médecin :<br />

« Je me demande si je n’aime pas <strong>en</strong>visager que ri<strong>en</strong> dans ma situation<br />

ne s’arrange pour que le pire devi<strong>en</strong>ne une solution. »<br />

La période se conclut sur un cauchemar, qui sera le dernier. C’est <strong>en</strong><br />

Afrique. Il part <strong>en</strong> mission avec des camarades pour faire du « r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />

» dans un village. Ils font la fête, tu<strong>en</strong>t, viol<strong>en</strong>t. À la fin, il est<br />

dans une case avec deux camarades (ceux qui faisai<strong>en</strong>t la punition avec<br />

lui). Trois villageois surgiss<strong>en</strong>t avec des fusils <strong>et</strong> <strong>les</strong> m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> joue.<br />

L’effroi le réveille.<br />

La mort apparaît ici comme la sanction de fautes majeures, de crimes<br />

œdipi<strong>en</strong>s. Et la structure du cauchemar est id<strong>en</strong>tique à celle de l’événem<strong>en</strong>t<br />

traumatique : « fête », sanction. Piotr y reconnaît, lui, <strong>en</strong> plus, la<br />

structure de ses passages à l’acte qui le « conduis<strong>en</strong>t au désastre ». Sans<br />

transition, il conclut c<strong>et</strong> <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong> par le constat douloureux qu’il n’est<br />

pas digne d’être aimé.<br />

À six mois de traitem<strong>en</strong>t, c’est un rêve qui va se <strong>charge</strong>r de l’événem<strong>en</strong>t<br />

traumatique. Il revi<strong>en</strong>t à Djibouti. Ses camarades sont là. Ceux qui<br />

lui sont hosti<strong>les</strong> parmi <strong>les</strong> cadres non, ni le lieut<strong>en</strong>ant. Il leur raconte ce<br />

qui s’est passé, l’« accid<strong>en</strong>t ». Ils sont étonnés <strong>et</strong> il se laisse aller à des<br />

paro<strong>les</strong> de haine contre ses persécuteurs. Puis il joue à un jeu vidéo avec<br />

un camarade, une bataille de chars.<br />

Donc, dans ce rêve, plus d’images de la scène, celle-ci est racontée.<br />

Comme ses camarades du rêve, Piotr aussi est étonné de ce qui s’est<br />

passé. Il avait confiance dans ses chefs. Le regard du lieut<strong>en</strong>ant lui<br />

fait p<strong>en</strong>ser au regard de sa mère quand son beau-père le frappait. Il y<br />

cherchait une aide <strong>et</strong> n’y trouvait que de la pitié. Il lui est arrivé plus<br />

d’une fois, au cours de la psychothérapie, d’exprimer <strong>en</strong>vers elle une

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