Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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144 THÉRAPEUTIQUE<br />
7. La r<strong>en</strong>trée<br />
Il s’agit maint<strong>en</strong>ant de clore le débriefing <strong>et</strong> d’aborder brièvem<strong>en</strong>t<br />
des questions <strong>en</strong> susp<strong>en</strong>s. Après avoir répondu aux questions qui leur<br />
sont posées, <strong>les</strong> débriefeurs donn<strong>en</strong>t des informations ora<strong>les</strong> <strong>et</strong> écrites<br />
sur la question du stress, puis chacun d’eux formule une conclusion qui<br />
se veut positive. Les participants peuv<strong>en</strong>t faire de même sans qu’ils y<br />
soi<strong>en</strong>t formellem<strong>en</strong>t invités.<br />
Les justifications données par Mitchell à c<strong>et</strong> ordonnancem<strong>en</strong>t successif<br />
des sept phases nous paraiss<strong>en</strong>t relever d’un désir de rationalisation.<br />
En fait, il semble avoir très peur des débordem<strong>en</strong>ts émotionnels que,<br />
n’étant ni psychiatre ni psychologue clinici<strong>en</strong>, il ne saurait gérer, sans<br />
parler des eff<strong>et</strong>s que ces débordem<strong>en</strong>ts pourrai<strong>en</strong>t avoir sur sa propre<br />
capacité à faire face à ses émotions. Aussi pr<strong>en</strong>d-il soin d’introduire la<br />
phase 4 (réactions) après <strong>les</strong> phases 2 (faits) <strong>et</strong> 3 (réflexions) <strong>et</strong> avant la<br />
phase 5, celle des symptômes. Cela a pour fonction réelle de m<strong>et</strong>tre à<br />
distance le vécu émotionnel <strong>et</strong> d’<strong>en</strong> atténuer <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s dans la séance (un<br />
peu comme une mère qui, devant <strong>les</strong> cris d’un <strong>en</strong>fant qui vi<strong>en</strong>t de tomber,<br />
comm<strong>en</strong>ce par lui demander où <strong>et</strong> comm<strong>en</strong>t cela s’est passé dans<br />
l’espoir d’atténuer <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s psychologiques de la chute). À la lecture<br />
de ce texte on imagine bi<strong>en</strong> le soulagem<strong>en</strong>t que doit éprouver Mitchell<br />
quand il arrive aux phases 5 <strong>et</strong> 6 où il se réinstalle dans la position du<br />
maître, spécialiste de la gestion du stress, qui rassure <strong>et</strong> normalise <strong>les</strong><br />
réactions vécues (nous avons d’ailleurs vu dès le départ qu’il cherchait<br />
à se rassurer <strong>en</strong> disant que sa méthode ne pouvait s’appliquer qu’à des<br />
suj<strong>et</strong>s « émotionnellem<strong>en</strong>t sains »). Il faut remarquer ici la t<strong>en</strong>dance<br />
généralisée des psychotraumatologues américains à aimer pour eux<br />
la position du didactici<strong>en</strong> ; toute c<strong>et</strong>te dramaturgie se termine par la<br />
consigne de « positiver », véritable règle de morale outre-Atlantique.<br />
Enfin Mitchell aborde ce qui est peut-être le plus intéressant dans ce<br />
texte : l’après-débriefing.<br />
Activités post-débriefing<br />
« L’une des erreurs <strong>les</strong> plus communes des équipes de débriefing est de<br />
croire qu’el<strong>les</strong> peuv<strong>en</strong>t fournir tout le travail nécessaire au cours du seul<br />
débriefing. »<br />
C’est là une erreur égalem<strong>en</strong>t très répandue <strong>en</strong> France. Nous ne<br />
détaillerons pas ici toutes <strong>les</strong> très nombreuses actions conseillées par<br />
Mitchell, mais ce que nous pouvons remarquer, c’est que, contrairem<strong>en</strong>t<br />
à ses directives précéd<strong>en</strong>tes, el<strong>les</strong> sont marquées au coin du bon s<strong>en</strong>s :