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Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge

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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />

LA NÉVROSE TRAUMATIQUE DÉCLENCHÉE 77<br />

culpabilité insout<strong>en</strong>able, il demande à sauter sur Di<strong>en</strong> Bi<strong>en</strong> Phu alors qu’il<br />

n’est pas parachutiste. Puis il reste plusieurs mois captif dans un camp du<br />

Vi<strong>et</strong> Minh. R<strong>en</strong>tré <strong>en</strong> France, il est soigné pour <strong>les</strong> conséqu<strong>en</strong>ces physiques<br />

de sa captivité <strong>et</strong> se marie <strong>et</strong> a cinq <strong>en</strong>fants. Peu à peu apparaiss<strong>en</strong>t des<br />

cauchemars <strong>et</strong> surtout des troub<strong>les</strong> caractériels qui l’amèn<strong>en</strong>t à imposer<br />

à sa famille ses histoires de guerre <strong>et</strong> de camp. Il finit par être pris <strong>en</strong><br />

horreur <strong>et</strong> détesté aussi bi<strong>en</strong> de son épouse que de sa progéniture. Il perd<br />

égalem<strong>en</strong>t son métier de peintre <strong>en</strong> bâtim<strong>en</strong>t. Quasi clochardisé, il s’installe<br />

dans une caravane à la lisière de sa p<strong>et</strong>ite ville. Il se m<strong>et</strong> aussi à boire<br />

<strong>et</strong> bi<strong>en</strong>tôt vit un cauchemar perpétuel : il <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d autour de son logis des<br />

« Vi<strong>et</strong>s » qui ramp<strong>en</strong>t pour v<strong>en</strong>ir lui faire payer ses crimes ; il est <strong>en</strong>core<br />

assez lucide pour trouver dans son journal des anci<strong>en</strong>s combattants le nom<br />

<strong>et</strong> le lieu d’exercice d’un psychiatre militaire, auquel il écrit. Il sera hospitalisé<br />

de longs mois avec au départ le traitem<strong>en</strong>t que l’on donne habituellem<strong>en</strong>t<br />

à des pati<strong>en</strong>ts mélancoliques. L’assistante sociale l’aidera à r<strong>et</strong>rouver un<br />

logem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> à repr<strong>en</strong>dre contact avec deux de ses <strong>en</strong>fants.<br />

TROIS ASPECTS CLINIQUES<br />

La dépression post-traumatique<br />

Les chercheurs de langue anglaise ont découvert, il y a quelques<br />

années, que la dépression <strong>et</strong> la névrose traumatique (le PTSD) <strong>en</strong>tr<strong>et</strong><strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t<br />

des rapports étroits. Ils ont traité la question <strong>en</strong> termes de<br />

comorbidité. S’ils avai<strong>en</strong>t écouté avec plus d’att<strong>en</strong>tion leurs pati<strong>en</strong>ts, ils<br />

n’aurai<strong>en</strong>t pas eu besoin d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre des études compliquées pour<br />

dégager « la preuve » de ce li<strong>en</strong>. Ils se serai<strong>en</strong>t peut-être demandé si,<br />

dans le fond, le traumatisme psychique n’était pas la source même des<br />

troub<strong>les</strong> de l’humeur, qui ne se résum<strong>en</strong>t pas tous au MDD (Major<br />

Depressive Disorder), comme il est la source du syndrome de répétition<br />

<strong>et</strong> de bi<strong>en</strong> d’autres manifestations <strong>clinique</strong>s.<br />

Puisque sur c<strong>et</strong>te question nous nous trouvons dans l’obligation de<br />

faire état de leurs travaux, nous <strong>en</strong> donnerons ici un aperçu (Bleich <strong>et</strong><br />

al., 1997). En premier lieu, 90 % des pati<strong>en</strong>ts prés<strong>en</strong>tant un PTSD font<br />

au cours de leur vie au moins un MDD. En deuxième lieu, 50 % de<br />

ceux qui sont rec<strong>en</strong>sés comme PTSD rempliss<strong>en</strong>t au même mom<strong>en</strong>t <strong>les</strong><br />

critères du MDD. En troisième lieu, 16 % des MDD se déclar<strong>en</strong>t avant,<br />

voire même bi<strong>en</strong> avant, que ne se décl<strong>en</strong>che le PTSD. De façon annexe,<br />

<strong>les</strong> mêmes auteurs ont découvert qu’un MDD qui suit immédiatem<strong>en</strong>t<br />

la confrontation à un événem<strong>en</strong>t qui peut être traumatisant, augm<strong>en</strong>te<br />

considérablem<strong>en</strong>t <strong>les</strong> chances de la victime de faire plus tard un PTSD.

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