Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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16 CLINIQUE<br />
Les spectac<strong>les</strong> horrib<strong>les</strong><br />
Dans certaines situations, le spectacle de la mort est particulièrem<strong>en</strong>t<br />
horrible à cause du grand nombre de cadavres ou à cause de leur état de<br />
décomposition ou de mutilation.<br />
– Ce fut une expéri<strong>en</strong>ce de ce type que vécur<strong>en</strong>t <strong>les</strong> soldats qui étai<strong>en</strong>t<br />
au Zaïre à Goma, <strong>en</strong> 1994. P<strong>en</strong>dant cinq semaines ils dur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>terrer des<br />
milliers de cadavres mutilés <strong>et</strong> atteints de choléra.<br />
– Fur<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t confrontés à une vision d’horreur <strong>les</strong> pompiers qui<br />
eur<strong>en</strong>t à interv<strong>en</strong>ir dans l’accid<strong>en</strong>t de la Gare de Lyon.<br />
– Nous pouvons citer aussi le cas de ce soldat <strong>en</strong> patrouille à Sarajevo <strong>et</strong><br />
qui pénétra dans une salle de classe où tous <strong>les</strong> <strong>en</strong>fants étai<strong>en</strong>t égorgés à<br />
leur pupitre.<br />
La profession de sauv<strong>et</strong>eur est particulièrem<strong>en</strong>t exposée à ces<br />
situations traumatogènes, lorsqu’ils intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t sur de grandes<br />
catastrophes collectives, crashs autoroutiers, tremblem<strong>en</strong>ts de terre,<br />
chutes de téléphériques, <strong>et</strong>c.<br />
Le traumatisme psychique s’accompagne d’un vécu<br />
d’effroi<br />
L’effroi est l’état du suj<strong>et</strong> au mom<strong>en</strong>t du traumatisme. Il correspond<br />
à c<strong>et</strong> <strong>en</strong>vahissem<strong>en</strong>t par le néant que nous avons vu à propos de la<br />
r<strong>en</strong>contre avec le réel de la mort ; il y a alors p<strong>en</strong>dant un mom<strong>en</strong>t, généralem<strong>en</strong>t<br />
fugace mais pas toujours, ni affect ni représ<strong>en</strong>tation. Le suj<strong>et</strong><br />
perçoit un vide compl<strong>et</strong> de sa p<strong>en</strong>sée, ne ress<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong>, <strong>en</strong> particulier ni<br />
peur ni angoisse. Il arrive dans l’armée que ce mom<strong>en</strong>t de l’effroi passe<br />
pour une manifestation de courage. C<strong>et</strong> état de saisissem<strong>en</strong>t est très<br />
particulier. Nous repr<strong>en</strong>drons c<strong>et</strong>te question plus complètem<strong>en</strong>t dans un<br />
chapitre à part car elle est complexe <strong>et</strong> peu connue. Il n’empêche que<br />
le récit de l’effroi par une victime est le seul indice certain qu’il y a eu<br />
traumatisme <strong>et</strong> qu’il faille s’att<strong>en</strong>dre au développem<strong>en</strong>t ultérieur d’un<br />
syndrome de répétition.<br />
Le traumatisme psychique résulte toujours<br />
d’une perception ou d’une s<strong>en</strong>sation<br />
Un récit, aussi horrible soit-il, n’est jamais à l’origine d’une effraction<br />
traumatique, ni <strong>les</strong> images terrib<strong>les</strong> que l’on peut regarder à la<br />
télévision ou au cinéma. C’est ce que nous rappelle le mythe de Persée :<br />
Persée s’était protégé du regard pétrifiant de la Méduse <strong>en</strong> le reflétant