Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
CONSÉQUENCES À COURT ET MOYEN TERME DU TRAUMATISME 45<br />
Les phénomènes psychosomatiques<br />
Ces phénomènes psychosomatiques ont été le mode privilégié de<br />
l’expression de l’angoisse chez <strong>les</strong> soldats lors de la Deuxième Guerre<br />
mondiale <strong>et</strong> p<strong>en</strong>dant la guerre d’Algérie. Les médecins militaires<br />
français ont observé, là, un grand nombre d’ulcères gastroduodénaux<br />
(Laverdant <strong>et</strong> al., 1965), d’hypert<strong>en</strong>sions artériel<strong>les</strong>, de maladies<br />
de Basedow, de diabètes, de manifestations dermatologiques<br />
(Lafont, 1996). Ces dermatoses, qui apparaiss<strong>en</strong>t brutalem<strong>en</strong>t ou<br />
réapparaiss<strong>en</strong>t de façon cyclique <strong>et</strong> qui généralem<strong>en</strong>t résist<strong>en</strong>t à<br />
la thérapeutique, sont <strong>les</strong> phénomènes psychosomatiques que l’on<br />
r<strong>en</strong>contre le plus souv<strong>en</strong>t, actuellem<strong>en</strong>t. On peut égalem<strong>en</strong>t observer<br />
des chutes de cheveux ou des <strong>prise</strong>s de poids. Peut-être faut-il ajouter<br />
à c<strong>et</strong>te liste le décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t de cancers (traditionnellem<strong>en</strong>t acceptés<br />
comme conséqu<strong>en</strong>ces de stress répétés).<br />
Les troub<strong>les</strong> du niveau de la consci<strong>en</strong>ce<br />
avec dépersonnalisation, déréalisation,<br />
parfois désori<strong>en</strong>tation temporospatiale<br />
Ils peuv<strong>en</strong>t apparaître immédiatem<strong>en</strong>t après le traumatisme <strong>et</strong> nécessiter,<br />
dans certains cas, une hospitalisation dans <strong>les</strong> jours qui suiv<strong>en</strong>t ;<br />
ils sont spontaném<strong>en</strong>t réversib<strong>les</strong>. Les Américains se sont beaucoup<br />
intéressés à eux, repr<strong>en</strong>ant pour <strong>les</strong> désigner le terme « d’état dissociatif<br />
» emprunté à Jan<strong>et</strong>. Ils voi<strong>en</strong>t dans leur prés<strong>en</strong>ce un indice de<br />
forte probabilité d’une apparition ultérieure d’un PTSD- voir l’échelle<br />
de « dissociation péri-traumatique » de C. Marmar (Marmar, 1997)<br />
- d’après des études prospectives, ils n’ont pas tort neuf fois sur dix<br />
(Birmes, 1996).<br />
En fait, ces « états dissociatifs » recouvr<strong>en</strong>t deux types de phénomènes.<br />
Soit c’est l’angoisse résultant de la conjonction d’un stress <strong>et</strong> d’un<br />
trauma qui atteint un niveau tel qu’elle <strong>en</strong>traîne une déstructuration<br />
plus ou moins complète de la consci<strong>en</strong>ce ; ce phénomène a été une<br />
constatation presque régulière chez <strong>les</strong> rescapés du tsunami (<strong>en</strong><br />
décembre 2004). Non seulem<strong>en</strong>t, ils ont vu la vague arriver, leur<br />
apportant une mort certaine, mais <strong>en</strong>core, quand l’eau s’est r<strong>et</strong>irée, ils<br />
se sont r<strong>et</strong>rouvés dans <strong>les</strong> <strong>en</strong>fers au milieu des morts qui pouvai<strong>en</strong>t<br />
être leurs proches. Le plus souv<strong>en</strong>t d’ailleurs chez eux la dissociation<br />
avait l’appar<strong>en</strong>ce d’une sorte de sérénité inappropriée ou d’une<br />
discrète exaltation hypomaniaque ; chez ces survivants, un mécanisme<br />
de déni s’est installé concernant moins le double trauma que la réalité