Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
LA PATHOGÉNIE DES MÉDIAS DANS LES ÉVÉNEMENTS TRAUMATIQUES 109<br />
<strong>psychiques</strong> post-traumatiques <strong>et</strong> de l’exist<strong>en</strong>ce de soins spécialisés. Des<br />
associations de victimes, des <strong>en</strong>tre<strong>prise</strong>s ou institutions (SNCF, RATP,<br />
Police, banques...), des organisations exposées (humanitaires) recrut<strong>en</strong>t<br />
des psychologues, voire des psychiatres, <strong>et</strong> leur assur<strong>en</strong>t une formation<br />
(qui ne nécessite que quelques heures d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> d’échanges,<br />
s’il s’agit de psychothérapeutes confirmés). Même l’armée, qui dispose<br />
traditionnellem<strong>en</strong>t de tout le personnel médical nécessaire, est<br />
plus att<strong>en</strong>tive à prév<strong>en</strong>ir <strong>les</strong> séquel<strong>les</strong> psychotraumatiques (Lassagne,<br />
Dubelle, 1998).<br />
Les médias ont joué ici leur rôle d’informateurs <strong>et</strong> ont grandem<strong>en</strong>t<br />
favorisé un changem<strong>en</strong>t d’attitude de l’<strong>en</strong>semble de la société par<br />
rapport à ces problèmes. Ce changem<strong>en</strong>t est très s<strong>en</strong>sible parmi nos<br />
pati<strong>en</strong>ts, qui se laiss<strong>en</strong>t plus facilem<strong>en</strong>t adresser à un psychiatre. Aux<br />
modes traditionnels de r<strong>en</strong>contre avec eux, se sont ajoutés <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s des<br />
interv<strong>en</strong>tions immédiates ou « post-immédiates » (Daligand, Cardona,<br />
1996 ; Raingeard, Lebigot, 1994).<br />
Certains ont été vus au mom<strong>en</strong>t de l’événem<strong>en</strong>t, ou lors d’un<br />
débriefing collectif dans <strong>les</strong> jours qui suiv<strong>en</strong>t. Un contact s’est noué <strong>et</strong><br />
l’idée d’un travail à faire <strong>en</strong>semble s’impose d’elle-même quand c’est<br />
nécessaire. Généralem<strong>en</strong>t, dans ces <strong>prise</strong>s <strong>en</strong> <strong>charge</strong> précoces, un p<strong>et</strong>it<br />
nombre d’<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>s s’avère suffisant.<br />
Parfois c’est l’<strong>en</strong>tourage, ou le médecin du travail, qui provoque la<br />
consultation. Là aussi, c’est très nouveau.<br />
Parfois <strong>en</strong>fin, ce sont des tiers plus lointains qui provoqu<strong>en</strong>t la r<strong>en</strong>contre<br />
: associations de victimes ou d’aide aux victimes, assistantes<br />
socia<strong>les</strong>, chirurgi<strong>en</strong>s att<strong>en</strong>tifs ayant traité <strong>les</strong> b<strong>les</strong>sures physiques, <strong>et</strong>c.<br />
Il est vrai que, comme autrefois, <strong>les</strong> consultations spontanées pour<br />
un syndrome de répétition rest<strong>en</strong>t exceptionnel<strong>les</strong>. Ce qui a changé, <strong>et</strong><br />
c’est déjà beaucoup, c’est que <strong>les</strong> pati<strong>en</strong>ts se laiss<strong>en</strong>t plus facilem<strong>en</strong>t<br />
convaincre par des g<strong>en</strong>s autour d’eux qui dispos<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant de plus<br />
d’argum<strong>en</strong>ts parce qu’ils sont mieux informés.<br />
Nous le voyons, <strong>les</strong> médias n’ont pas eu que des eff<strong>et</strong>s négatifs. Si<br />
leur appét<strong>en</strong>ce pour l’horreur aggrave l’évolution des malades, si leur<br />
recherche du s<strong>en</strong>sationnel a un temps disqualifié <strong>les</strong> thérapeutes, ils ont<br />
cep<strong>en</strong>dant favorisé une <strong>prise</strong> de consci<strong>en</strong>ce : le traumatisme psychique<br />
peut provoquer des troub<strong>les</strong> durab<strong>les</strong>, év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t graves, <strong>et</strong> <strong>en</strong><br />
totalité ou <strong>en</strong> partie curab<strong>les</strong>. Néanmoins, ce dernier point <strong>les</strong> intéresse<br />
peu, sauf s’il s’agit de montrer ou décrire (rarem<strong>en</strong>t) des méthodes<br />
thérapeutiques aussi spectaculaires que contestab<strong>les</strong> : laboratoires de<br />
déconditionnem<strong>en</strong>t suréquipés d’appareils sophistiqués, séances d’hypnose<br />
ou de mouvem<strong>en</strong>ts oculaires, <strong>et</strong>c.