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Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge

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206 THÉRAPEUTIQUE<br />

d’<strong>en</strong>tre el<strong>les</strong> porte plainte car il la m<strong>en</strong>ace itérativem<strong>en</strong>t. Ce sont des<br />

femmes qu’il a au bout du fil <strong>et</strong> il leur dit à peu près ceci : « Je vais<br />

v<strong>en</strong>ir, je vais te violer, puis je découperai ton <strong>en</strong>fant <strong>en</strong> morceaux <strong>et</strong><br />

on le mangera. » La police le trouve <strong>et</strong> il est placé <strong>en</strong> garde à vue. C’est<br />

pour lui une expéri<strong>en</strong>ce terrible, insout<strong>en</strong>able, « bi<strong>en</strong> pire que ce que j’ai<br />

jamais connu ». En prison, il r<strong>en</strong>contre un alcoolique qu’il avait connu<br />

dans le service. Lorsqu’il sort, il décide de rev<strong>en</strong>ir à l’hôpital militaire<br />

voir le psychiatre qui s’était occupé de lui.<br />

Il débarque dans le bureau, sommant celui-ci de m<strong>et</strong>tre un terme à<br />

sa détresse parce que sinon il va dans l’heure qui suit se j<strong>et</strong>er sous le<br />

métro. Sa détresse est auth<strong>en</strong>tique, mais il a un très mauvais souv<strong>en</strong>ir<br />

de son précéd<strong>en</strong>t séjour ici <strong>et</strong> refuse une hospitalisation. La question<br />

d’une HDT se pose. Malgré le risque d’un passage à l’acte, le choix<br />

est fait de parier sur le désir profond qui a am<strong>en</strong>é Pierre à effectuer<br />

ce « come-back ». Un r<strong>en</strong>dez-vous proche lui est donné <strong>et</strong> il lui est<br />

fermem<strong>en</strong>t signifié qu’il y sera att<strong>en</strong>du.<br />

Deuxième hospitalisation<br />

Ce n’est qu’au troisième <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong> qu’il finira par accepter une hospitalisation.<br />

Celle-ci sera différ<strong>en</strong>te de la première sur deux points. Il<br />

idéalise son psychiatre auquel il demande inlassablem<strong>en</strong>t de dev<strong>en</strong>ir son<br />

« ami ». Et il s’épr<strong>en</strong>d itérativem<strong>en</strong>t d’un amour fou <strong>et</strong> sans espoir pour<br />

l’une ou l’autre des infirmières qui a eu, à un mom<strong>en</strong>t donné, le mot ou<br />

le geste qu’il fallait (p<strong>en</strong>se-t-il). En revanche, son opinion du personnel<br />

du service, toutes catégories confondues, reste aussi mauvaise qu’autrefois.<br />

Il multiplie <strong>les</strong> t<strong>en</strong>tatives de suicide, <strong>les</strong> passages à l’acte agressifs<br />

ou clastiques, se révèle un génie de la perversité pour diviser l’équipe,<br />

faire agir <strong>les</strong> autres malades, créer des incid<strong>en</strong>ts dans d’autres services<br />

de l’hôpital, <strong>et</strong>c. Mais son angoisse est extrême <strong>et</strong> si par mom<strong>en</strong>ts son<br />

regard crée une véritable terreur chez son interlocuteur, il s’y lit plus<br />

souv<strong>en</strong>t un tel abîme de détresse que l’équipe n’<strong>en</strong> est pas <strong>en</strong>core à<br />

exiger son départ. Il a aussi des terreurs nocturnes qui impressionn<strong>en</strong>t<br />

fortem<strong>en</strong>t ceux qui l’assist<strong>en</strong>t dans ces mom<strong>en</strong>ts. Le psychiatre, lui, est<br />

sans cesse confronté au mur de sa demande « d’amitié » <strong>et</strong> <strong>les</strong> choses<br />

n’avanc<strong>en</strong>t pas. Sauf sur un point : il sait qu’il a des choses à dire,<br />

mais ces choses sont tel<strong>les</strong> que s’il <strong>les</strong> disait il serait immédiatem<strong>en</strong>t<br />

considéré comme l’être le plus « abject » de la terre. Il ne peut se<br />

résoudre à franchir ce pas. Et puis aussi il a bi<strong>en</strong> compris que lorsqu’il<br />

terrorise un ag<strong>en</strong>t du service ou de l’hôpital, il se m<strong>et</strong> dans la peau de<br />

son père <strong>et</strong> montre alors sa puissance. Il n’a plus besoin d’être alcoolisé<br />

pour cela : « Je sais que c’était un salop, mais lui au moins il n’était

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