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Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge

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200 THÉRAPEUTIQUE<br />

Sa mère a quarante-huit ans, elle est secrétaire dans une <strong>en</strong>tre<strong>prise</strong> :<br />

« Je l’aime bi<strong>en</strong>, c’est ma mère [...] Ça énerve de parler de tout ça,<br />

<strong>en</strong> fait je la déteste, elle m’a mis à la DASS quand j’avais cinq ans <strong>et</strong> il<br />

a fallu que je me batte pour pouvoir rev<strong>en</strong>ir chez elle à quatorze. »<br />

Pourquoi la DASS ?<br />

« Parce qu’il y avait des problèmes de couple. »<br />

De cinq à dix ans il est <strong>en</strong> province avec sa sœur dans une famille<br />

d’accueil qu’il déteste aussi :<br />

« On était mis à part par rapport à leurs propres <strong>en</strong>fants. »<br />

Puis il va dans un foyer où un éducateur <strong>et</strong> une psychologue le suiv<strong>en</strong>t<br />

<strong>et</strong> où il fait un BEP de commerce. Ses résultats scolaires sont excell<strong>en</strong>ts,<br />

mais il a des accès de viol<strong>en</strong>ce agressive <strong>et</strong> clastique. Il décide <strong>et</strong> obti<strong>en</strong>t<br />

de r<strong>et</strong>ourner avec sa sœur chez sa mère, att<strong>en</strong>dant de ces r<strong>et</strong>rouvail<strong>les</strong><br />

un bonheur sans limite :<br />

« Être comme <strong>les</strong> autres, avoir une famille, une mère. »<br />

La famille <strong>en</strong> question vit désormais à trois dans un p<strong>et</strong>it studio <strong>et</strong> la<br />

vie de Pierre pr<strong>en</strong>d très vite un tour inatt<strong>en</strong>du, aux antipodes de ce qu’il<br />

avait rêvé. Nous y revi<strong>en</strong>drons car il n’<strong>en</strong> parle pas <strong>en</strong>core. Ce dont il se<br />

plaint :<br />

« Je déprime tout le temps, j’ai tout le temps <strong>en</strong>vie de mourir (c’est<br />

sa première t<strong>en</strong>tative de suicide), ce serait une délivrance : comme ça il<br />

n’y a plus de problèmes. [...] Je ne communique avec personne, ni ma<br />

mère, ni ma sœur. »<br />

Il n’a pas d’amis ni de p<strong>et</strong>ites amies, n’a jamais eu de relations<br />

sexuel<strong>les</strong>. Il déprécie égalem<strong>en</strong>t son cursus scolaire pourtant brillant<br />

étant donné <strong>les</strong> circonstances :<br />

« J’ai toujours été nul à l’école, je suis un incapable, j’ai tout suivi<br />

passivem<strong>en</strong>t, je n’ai aucune volonté. »<br />

Il n’a pas de loisirs, seul l’alcool lui apporte un peu de soulagem<strong>en</strong>t :<br />

« Il n’y a qu’avec ça que j’oublie, que je change de peau, que je me<br />

supporte <strong>et</strong> oublie qui je suis. »<br />

Qui est-il <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> ce grand gaillard bi<strong>en</strong> bâti, à la silhou<strong>et</strong>te élégante,<br />

<strong>les</strong> yeux bleus très clairs, le visage fin <strong>en</strong>core un peu <strong>en</strong>fantin, <strong>les</strong><br />

cheveux bruns <strong>en</strong> brosse (il n’a pas att<strong>en</strong>du l’armée pour adopter c<strong>et</strong>te<br />

coupe) <strong>et</strong> qui parle français comme un garçon cultivé ? Son père ne lui<br />

a ri<strong>en</strong> transmis qui rappelle la Méditerranée, sauf son nom algéri<strong>en</strong>.<br />

Pierre séjournera six mois dans le service. Il est bi<strong>en</strong> décidé à s’épargner<br />

une véritable relation thérapeutique, arguant de son expéri<strong>en</strong>ce<br />

« inutile » avec la psychologue qu’il avait vue lorsqu’il était <strong>en</strong> foyer.

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