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Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge

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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />

LES SOINS POST-IMMÉDIATS (LE DÉBRIEFING) 161<br />

Les comm<strong>en</strong>taires des débriefeurs sur ce qui est dit doiv<strong>en</strong>t être<br />

réduits au minimum <strong>et</strong>, à aucun mom<strong>en</strong>t, ils ne saurai<strong>en</strong>t s’appar<strong>en</strong>ter à<br />

un jugem<strong>en</strong>t, ni dans un s<strong>en</strong>s, ni dans l’autre. Dans ce g<strong>en</strong>re de situation,<br />

le plus t<strong>en</strong>tant est évidemm<strong>en</strong>t de porter des jugem<strong>en</strong>ts favorab<strong>les</strong>,<br />

qui sont parfois sollicités avec insistance, c’est-à-dire de faire ce que<br />

certains appell<strong>en</strong>t du « r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t positif ». C<strong>et</strong>te question se pose<br />

régulièrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce qui concerne la gravité de ce qui s’est passé. Un fait<br />

peut être vécu dramatiquem<strong>en</strong>t par une victime alors que le débriefeur<br />

n’y voit pas matière à ress<strong>en</strong>tir une émotion excessive. Il importe de<br />

respecter le ress<strong>en</strong>ti de chacun <strong>et</strong> <strong>en</strong> quelque sorte de le valider. Ri<strong>en</strong> de<br />

pire pour un traumatisé que de s’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre dire : « Après tout ça aurait<br />

pu être plus grave. »<br />

L’autre point qui nécessite une grande att<strong>en</strong>tion est la culpabilité.<br />

Elle est presque toujours sans fondem<strong>en</strong>t mais est à l’origine d’une<br />

souffrance qui égale parfois celle du traumatisme lui-même.<br />

– Telle victime qui avait eu un pied arraché par l’explosion d’une bombe se<br />

reprochait de n’être pas v<strong>en</strong>ue au secours du passager qui était près d’elle<br />

<strong>et</strong> qui est mort à ses côtés : « Je n’ai ri<strong>en</strong> fait pour lui, je n’ai p<strong>en</strong>sé qu’à<br />

moi », ne cessait-elle de répéter (voir l’observation de Félix, p. 214 sqq.).<br />

– On peut citer l’exemple de ce capitaine de pompiers qui avait indiqué à<br />

un de ses hommes la direction à pr<strong>en</strong>dre : ce fut sur ce traj<strong>et</strong> que l’homme<br />

fut tué par la projection d’une brique <strong>en</strong>flammée. Le capitaine se considérait<br />

comme responsable de c<strong>et</strong>te mort.<br />

Il est préférable dans ce cas d’écouter att<strong>en</strong>tivem<strong>en</strong>t le récit, voire<br />

de demander des précisions de détails, mais il ne faut pas se m<strong>et</strong>tre à<br />

la place d’un juge suprême ayant le pouvoir de décider si ce s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t<br />

de faute a lieu d’être ou non. L’avantage des débriefings collectifs est<br />

que <strong>les</strong> comm<strong>en</strong>taires de « bon s<strong>en</strong>s » sont faits par des g<strong>en</strong>s ayant<br />

vécu la même situation <strong>et</strong> qui ont plus de titre à apporter un réconfort,<br />

même s’ils n’ont pas d’influ<strong>en</strong>ce profonde sur <strong>les</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts de perte<br />

ou de faute. Les victimes ont parfois t<strong>en</strong>dance, volontairem<strong>en</strong>t ou non, à<br />

éviter d’évoquer une des séqu<strong>en</strong>ces de l’accid<strong>en</strong>t. C’est là que se produit<br />

généralem<strong>en</strong>t quelque chose d’important, qui n’est pas le trauma luimême<br />

mais qui pourra ultérieurem<strong>en</strong>t servir au travail d’élaboration.<br />

Cela concerne généralem<strong>en</strong>t non la culpabilité, qui a plutôt t<strong>en</strong>dance à<br />

être exhibée, mais la honte.<br />

Comme on le compr<strong>en</strong>d à travers c<strong>et</strong>te description d’une séance de<br />

débriefing, le leader ne se m<strong>et</strong> jamais dans la position de celui qui sait.<br />

C’est une des différ<strong>en</strong>ces importantes qui exist<strong>en</strong>t avec le débriefing<br />

anglo-saxon, dans lequel le débriefeur sait ce qu’il s’est réellem<strong>en</strong>t

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