Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
LA NÉVROSE TRAUMATIQUE DÉCLENCHÉE 63<br />
de l’émotion qu’elle décl<strong>en</strong>che à chacune de ses manifestations, elle<br />
inscrit au cœur du suj<strong>et</strong> la certitude de sa fin immin<strong>en</strong>te.<br />
Quelques remarques tirées de la <strong>clinique</strong> peuv<strong>en</strong>t être faites ici :<br />
— Ce qui fait r<strong>et</strong>our dans le syndrome de répétition c’est une image<br />
réelle. Aussi ne peut-elle être que la reproduction d’une perception, s<strong>en</strong>sitive<br />
ou s<strong>en</strong>sorielle. D. Gonin parle du trauma comme du « triomphe<br />
dévastateur de la s<strong>en</strong>sation à l’état brut » (Gonin, 1998). Contrairem<strong>en</strong>t<br />
à ce qui est écrit parfois, un récit, si dramatique soit-il pour<br />
celui qui l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d, ne peut jamais faire trauma, pas plus qu’une image<br />
virtuelle (cinéma, télévision). Des cauchemars « répétitifs », fruits de<br />
mécanismes complexes d’id<strong>en</strong>tification, ont été rapportés aussi chez<br />
des <strong>en</strong>fants de déportés. Dans tous ces cas, rares d’ailleurs, l’imagerie<br />
m<strong>en</strong>tale résulte d’une construction fantasmatique, à partir d’un matériel<br />
imaginaire <strong>et</strong> symbolique. L’abord thérapeutique <strong>en</strong> sera très différ<strong>en</strong>t.<br />
Il s’agit là du seul vrai diagnostic différ<strong>en</strong>tiel de la névrose traumatique.<br />
— Souv<strong>en</strong>t, grâce à une relation transfér<strong>en</strong>tielle mais pas toujours,<br />
l’événem<strong>en</strong>t initial peut, dans <strong>les</strong> cauchemars, être infiltré progressivem<strong>en</strong>t<br />
d’élém<strong>en</strong>ts issus des représ<strong>en</strong>tations du suj<strong>et</strong>. Cel<strong>les</strong>-ci sont parv<strong>en</strong>ues<br />
à établir des li<strong>en</strong>s avec l’image traumatique, jusqu’à parfois la<br />
« naturaliser », la métaphoriser <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t (Lebigot, 1999). Ce processus<br />
est évidemm<strong>en</strong>t ce à quoi doit t<strong>en</strong>dre tout travail psychothérapique.<br />
— Quoique non dévoilé, seulem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>té, le réel dont il est question<br />
ici exerce un pouvoir de fascination sur <strong>les</strong> hommes. Malgré la<br />
souffrance qu’el<strong>les</strong> caus<strong>en</strong>t, <strong>les</strong> images ont un eff<strong>et</strong> d’attraction sur celui<br />
qui <strong>les</strong> produit. Avec le temps, il lui sera de moins <strong>en</strong> moins facile<br />
de s’<strong>en</strong> défaire. C’est un aspect déterminant quant à l’évolution de la<br />
maladie <strong>et</strong> à son abord thérapeutique (Lebigot, Vall<strong>et</strong> <strong>et</strong> al., 1991).<br />
— Mais ces images qui fascin<strong>en</strong>t sont aussi persécutrices <strong>et</strong> confèr<strong>en</strong>t<br />
ce halo de persécution à toute la névrose, plus ou moins acc<strong>en</strong>tué<br />
selon <strong>les</strong> structures. L’effroi de la néantisation, dans la solitude la<br />
plus radicale, génère un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’injustice, voire « d’écrasem<strong>en</strong>t<br />
par un pouvoir absolu arbitraire » (Barrois, 1998). Point<strong>en</strong>t ici des<br />
aspects que nous n’aborderons pas, qui relèv<strong>en</strong>t du chapitre évolutif,<br />
<strong>et</strong> qui concern<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre autres <strong>les</strong> relations diffici<strong>les</strong> avec l’<strong>en</strong>tourage<br />
<strong>et</strong> <strong>les</strong> avatars parfois dramatiques du processus de reconnaissance <strong>et</strong><br />
de réparation. En anticipant un peu sur la suite, on voit déjà que <strong>les</strong><br />
s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts de culpabilité auront à c<strong>et</strong> égard une fonction pacificatrice :<br />
« Qu’ai-je fait pour mériter ça ? », interrog<strong>en</strong>t <strong>les</strong> pati<strong>en</strong>ts qui refus<strong>en</strong>t<br />
de s’id<strong>en</strong>tifier totalem<strong>en</strong>t au statut de victime.