Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
PSYCHOTHÉRAPIES PSYCHODYNAMIQUES 181<br />
Après sa naissance, l’<strong>en</strong>tourage s’efforce avec plus ou moins de bonheur<br />
de reproduire des conditions analogues, sans parv<strong>en</strong>ir à lui éviter des<br />
mom<strong>en</strong>ts où la jouissance fait place à un éprouvé de néantisation :<br />
la faim, <strong>les</strong> divers maux de c<strong>et</strong> âge... En <strong>en</strong>trant peu à peu dans le<br />
langage il fera l’expéri<strong>en</strong>ce de devoir passer par <strong>les</strong> mots des autres pour<br />
faire aboutir ses demandes. Rétrospectivem<strong>en</strong>t, <strong>les</strong> périodes précéd<strong>en</strong>tes<br />
seront fantasmées comme le « paradis perdu », qui recelait un obj<strong>et</strong> de<br />
satisfaction totale <strong>et</strong> perman<strong>en</strong>te, qualifié d’« obj<strong>et</strong> perdu » par Freud.<br />
La néantisation, compagne indissociable de la jouissance originaire, est<br />
abs<strong>en</strong>te du fantasme <strong>et</strong> ne réapparaît que si le suj<strong>et</strong> s’approche d’un tel<br />
obj<strong>et</strong> de complétude (dans la psychose).<br />
Ce que perçoit l’<strong>en</strong>fant qui est <strong>en</strong>core loin de s’être approprié le<br />
langage, c’est qu’il y a une Loi qui à la fois le contraint à quitter le<br />
paradis d’avant si proche, d’accepter le manque <strong>et</strong> de faire si<strong>en</strong>s <strong>les</strong> mots<br />
qui sont ceux des autres. Il y a là comme un traumatisme originaire qui<br />
fera l’obj<strong>et</strong> d’un premier refoulem<strong>en</strong>t. Mais <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant il sera plutôt<br />
possédé par la t<strong>en</strong>dance à rev<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> arrière, à <strong>en</strong>freindre c<strong>et</strong>te Loi qui<br />
ne cesse de montrer toujours plus qu’elle ne doit pas être transgressée.<br />
C’est dire que l’<strong>en</strong>fant est toujours plus confronté à la faute, la faute<br />
comme étant à l’intérieur de lui.<br />
L’apogée de ce qui est dev<strong>en</strong>u un désir fautif, interdit, est atteint au<br />
mom<strong>en</strong>t de ce qui est classiquem<strong>en</strong>t appelé le « complexe d’Œdipe ».<br />
Le désir d’inceste est ce qui fixera pour toujours l’horizon de tout<br />
désir. Si le psychotique <strong>et</strong> le pervers ont leurs façons de rej<strong>et</strong>er ou<br />
de tourner la Loi au prix d’un r<strong>et</strong>our de l’angoisse de néantisation, le<br />
névrotique, d’une façon différ<strong>en</strong>te, est aussi aux <strong>prise</strong>s avec c<strong>et</strong> interdit.<br />
Il a plus ou moins r<strong>en</strong>oncé à trouver l’obj<strong>et</strong> perdu, il est plus ou moins<br />
satisfait de ce qui lui a été donné <strong>en</strong> échange, la parole <strong>et</strong> une place<br />
dans la société des hommes. Ainsi, si le suj<strong>et</strong> est du côté du plus, la<br />
culpabilité n’aura pour lui que le poids d’une boussole pour ori<strong>en</strong>ter<br />
ses désirs. S’il est du côté du moins, l’horizon de l’obj<strong>et</strong> perdu sera<br />
plus proche, la culpabilité pèsera plus lourd dans sa vie au point qu’il<br />
pourra préférer le malheur au bonheur, car ce dernier porte avec lui une<br />
m<strong>en</strong>ace de châtim<strong>en</strong>t, voire dans certains cas une m<strong>en</strong>ace de r<strong>et</strong>rouver<br />
l’angoisse de néantisation. De fait, c’est plutôt l’angoisse de castration<br />
qu’il r<strong>en</strong>contrera, qui est v<strong>en</strong>ue chez le névrotique pr<strong>en</strong>dre la place de<br />
l’angoisse de néantisation, c’est-à-dire la confrontation à la perte de<br />
quelque chose de précieux. L’autre différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre <strong>les</strong> deux angoisses<br />
est que l’angoisse de castration, elle, peut se dire. Donnons un exemple<br />
pris dans le champ psychotraumatologique.