Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
LES SOINS POST-IMMÉDIATS (LE DÉBRIEFING) 137<br />
APERÇU SUR LE DÉBRIEFING DE SOKOL<br />
En 1980, le Départem<strong>en</strong>t d’État constitua, au sein de forces américaines<br />
<strong>en</strong> Allemagne, des équipes de débriefing composées de spécialistes.<br />
Ces équipes pouvai<strong>en</strong>t interv<strong>en</strong>ir un peu partout dans le monde à<br />
la suite d’événem<strong>en</strong>ts graves touchant l’une quelconque des trois armes<br />
ou même des civils américains (otages de Téhéran, détournem<strong>en</strong>t de<br />
l’Achille Lauro, détournem<strong>en</strong>t d’un Boeing de la TWA à Beyrouth...).<br />
Sokol, psychiatre militaire américain, fut chargé de constituer un SMT<br />
(Stress Managem<strong>en</strong>t Team) <strong>et</strong> de définir ses principes d’action. Les<br />
principes de Salmon devinr<strong>en</strong>t « BICEPS » : Brièv<strong>et</strong>é, Immédiat<strong>et</strong>é,<br />
C<strong>en</strong>tralité (<strong>les</strong> victimes sont traitées dans un même lieu — non médical<br />
— <strong>et</strong> <strong>en</strong>semble), Expectansy, Proximité, Simplicité. De là est née l’idée<br />
de proposer à des militaires, au r<strong>et</strong>our d’une mission difficile, un débriefing,<br />
c’est-à-dire un compte r<strong>en</strong>du de l’action qu’ils avai<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>ée <strong>et</strong><br />
des émotions qu’ils avai<strong>en</strong>t éprouvées. Son but était de perm<strong>et</strong>tre à ces<br />
hommes d’évacuer leur stress <strong>et</strong> de r<strong>et</strong>rouver au plus vite leurs capacités<br />
opérationnel<strong>les</strong>.<br />
Le débriefing devi<strong>en</strong>t alors ouvertem<strong>en</strong>t un acte thérapeutique mais<br />
conçu de manière à ce que <strong>les</strong> victimes ne se considèr<strong>en</strong>t pas comme<br />
des malades. Il est dirigé par un psychiatre auquel est adjoint un autre<br />
psychiatre, un psychologue, deux assistants sociaux <strong>et</strong> un prêtre. Le<br />
déroulem<strong>en</strong>t de la séance est codifié, comme il le sera plus tard dans<br />
le débriefing de Mitchell, <strong>et</strong> comporte quatre phases :<br />
1. Une phase de préparation qui comporte une organisation logistique<br />
de la réunion <strong>en</strong> liaison avec <strong>les</strong> autorités militaires <strong>et</strong>/ou civi<strong>les</strong> <strong>et</strong> un<br />
briefing de l’équipe visant à définir <strong>les</strong> rô<strong>les</strong> de chacun <strong>et</strong> à réduire<br />
leur anxiété anticipatoire ;<br />
2. Une phase d’« extraction- triage » qui est une première r<strong>en</strong>contre,<br />
informelle, <strong>en</strong>tre <strong>les</strong> victimes <strong>et</strong> <strong>les</strong> membres de l’équipe. Elle ressemble<br />
à nos soins immédiats car elle peut être l’occasion d’effectuer<br />
une action de souti<strong>en</strong> <strong>et</strong> aussi favoriser <strong>les</strong> premières verbalisations.<br />
Les futurs débriefeurs utilis<strong>en</strong>t ce temps pour observer <strong>les</strong> réactions<br />
individuel<strong>les</strong>, <strong>les</strong> affinités <strong>et</strong> <strong>les</strong> t<strong>en</strong>sions à l’intérieur du groupe. Dans<br />
le cas des otages américains de Téhéran, c<strong>et</strong>te phase fut réalisée, avec<br />
une équipe r<strong>en</strong>forcée <strong>en</strong> psychiatres, dans l’avion qui <strong>les</strong> ram<strong>en</strong>ait sur<br />
l’Allemagne ;