Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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64 CLINIQUE<br />
CLINIQUE DE LA NÉVROSE TRAUMATIQUE<br />
La tradition française a été très bi<strong>en</strong> formalisée par Louis Crocq dans<br />
<strong>les</strong> années soixante-dix (Crocq, 1974). C<strong>et</strong>te <strong>clinique</strong> est <strong>en</strong>core la nôtre<br />
<strong>et</strong> celle de tout clinici<strong>en</strong> <strong>en</strong> France qui s’intéresse à ces pati<strong>en</strong>ts pour <strong>les</strong><br />
écouter <strong>et</strong> <strong>les</strong> soigner. Louis Crocq séparait le syndrome de répétition<br />
<strong>et</strong> rangeait <strong>les</strong> autres manifestations dans <strong>les</strong> « symptômes associés ».<br />
Nous ferons comme lui mais pour des raisons peut-être un peu différ<strong>en</strong>tes<br />
: le syndrome de répétition sera rangé à part, parce qu’il est<br />
pathognomonique certes, mais aussi parce qu’il répète à chacune de ses<br />
manifestations <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s de l’effraction. Pour <strong>les</strong> autres symptômes <strong>et</strong><br />
syndromes, nous <strong>les</strong> laisserons sur un pied d’égalité, <strong>en</strong> nous souv<strong>en</strong>ant<br />
qu’ils sont tous prés<strong>en</strong>ts, peu ou prou, dans la maladie <strong>et</strong> que c’est le<br />
suj<strong>et</strong>, <strong>en</strong> quelque sorte, qui privilégie l’un ou l’autre. Aussi n’y a-t-il<br />
pas lieu, à notre avis, de parler de comorbidité.<br />
La névrose traumatique est la seule affection psychiatrique qui, pr<strong>en</strong>ant<br />
son départ d’un accid<strong>en</strong>t d’origine externe dans la vie du malade<br />
(Barrois, 1998), tire ses particularités de la nature même des eff<strong>et</strong>s<br />
intra<strong>psychiques</strong> immédiats de c<strong>et</strong> accid<strong>en</strong>t.<br />
Ainsi, contrairem<strong>en</strong>t à ce que peut laisser <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre sa dénomination<br />
actuelle d’« état de stress post-traumatique » (CIM 10), elle diffère<br />
fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t des pathologies dites souv<strong>en</strong>t réactionnel<strong>les</strong> (névrotiques<br />
ou psychotiques) où l’événem<strong>en</strong>t décl<strong>en</strong>chant ne détermine pas<br />
la forme que pr<strong>en</strong>dront <strong>les</strong> symptômes.<br />
Le syndrome de répétition<br />
Le syndrome de répétition est la manifestation directe de l’image<br />
traumatique incrustée. Il est pathognomonique de la névrose traumatique<br />
mais il doit être accompagné d’un ou plusieurs symptômes associés<br />
qui témoign<strong>en</strong>t de la réaction névrotique à la prés<strong>en</strong>ce de celle-ci.<br />
En eff<strong>et</strong>, on voit de temps <strong>en</strong> temps des suj<strong>et</strong>s qui ont un syndrome<br />
de répétition, généralem<strong>en</strong>t peu int<strong>en</strong>se <strong>et</strong> espacé, <strong>et</strong> qui par ailleurs se<br />
port<strong>en</strong>t très bi<strong>en</strong> « comme avant ». Ce sont eux chez qui on observera<br />
souv<strong>en</strong>t des guérisons spontanées. Parfois, après le r<strong>et</strong>our d’une mission,<br />
un soldat fait une série de cauchemars traumatiques dans la ou <strong>les</strong><br />
semaines qui suiv<strong>en</strong>t son r<strong>et</strong>our, série qui peut être brève ou plus longue.<br />
Il peut égalem<strong>en</strong>t faire des cauchemars espacés p<strong>en</strong>dant quelques mois<br />
ou quelques années. Dans ces cas, on ne peut généralem<strong>en</strong>t pas parler de<br />
névrose traumatique étant donné l’abs<strong>en</strong>ce des symptômes névrotiques.