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Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge

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40 CLINIQUE<br />

traumatisme psychique, ce qui disqualifie toutes ces appellations de<br />

stress traumatique qui figur<strong>en</strong>t dans un certain nombre de nosographies<br />

largem<strong>en</strong>t répandues.<br />

Dans <strong>les</strong> études prédictives, le repérage de l’effroi surv<strong>en</strong>ant très précocem<strong>en</strong>t<br />

après l’événem<strong>en</strong>t possiblem<strong>en</strong>t traumatogène est le meilleur<br />

indice de ce qu’il y a eu effraction de l’image du néant <strong>et</strong> donc qu’il y<br />

aura ultérieurem<strong>en</strong>t développem<strong>en</strong>t d’une névrose traumatique, ou d’un<br />

état de stress post-traumatique (Vaiva, 2001).<br />

Néanmoins, dans un certain nombre de cas, le trauma peut s’élaborer<br />

dans <strong>les</strong> jours ou semaines qui suiv<strong>en</strong>t. L’effroi n’est donc pas un facteur<br />

prédictif absolu. Dans l’<strong>en</strong>semble des cas, cep<strong>en</strong>dant, l’exist<strong>en</strong>ce d’une<br />

expéri<strong>en</strong>ce d’effroi chez une victime amènera le pratici<strong>en</strong>, dans une<br />

collectivité par exemple, à exercer une discrète surveillance sur le suj<strong>et</strong> ;<br />

celui-ci, dans tous <strong>les</strong> cas, sera averti des possibilités de soins dès<br />

l’apparition de symptômes qui lui seront précisés.<br />

Toutefois, on obti<strong>en</strong>t assez rarem<strong>en</strong>t une description complète de ce<br />

mom<strong>en</strong>t d’effraction traumatique. Le plus souv<strong>en</strong>t, le suj<strong>et</strong> ne livrera<br />

dans son récit qu’une sorte de résumé de ce qui a été pour lui l’expéri<strong>en</strong>ce<br />

d’effroi ; il soulignera la certitude qui 1’a habité de sa mort<br />

immin<strong>en</strong>te : « Je me suis vu mort. »<br />

Le problème est que c<strong>et</strong> indice ne peut être recueilli que lorsque la<br />

victime a vécu un événem<strong>en</strong>t ayant m<strong>en</strong>acé sa vie : un accid<strong>en</strong>t de la<br />

circulation, une agression, un att<strong>en</strong>tat... En revanche, on aura beaucoup<br />

plus de difficultés à obt<strong>en</strong>ir une simple assertion qui serait parfaitem<strong>en</strong>t<br />

fiable dans d’autres types de situations possiblem<strong>en</strong>t traumatogènes<br />

comme, par exemple, une vision d’horreur. C’est bi<strong>en</strong> ce qui s’est passé<br />

avec notre soldat chef de bord de l’observation 3 qui a bi<strong>en</strong> su r<strong>et</strong>rouver<br />

l’effroi de l’accid<strong>en</strong>t lui-même au cours duquel il était convaincu qu’il<br />

allait perdre la vie, mais il n’a ri<strong>en</strong> pu dire de l’autre traumatisme qu’a<br />

constitué pour lui le face-à-face avec le bras horriblem<strong>en</strong>t mutilé de son<br />

camarade.<br />

3. La troisième raison de nous intéresser à l’effroi, plus proche de nos<br />

intérêts habituels, concerne la chronologie <strong>et</strong> <strong>les</strong> méthodes de la <strong>prise</strong> <strong>en</strong><br />

<strong>charge</strong> de tels pati<strong>en</strong>ts.<br />

Comme on l’a vu, <strong>les</strong> suj<strong>et</strong>s développ<strong>en</strong>t immédiatem<strong>en</strong>t ou très<br />

précocem<strong>en</strong>t, dès que l’image traumatique se prés<strong>en</strong>te à leurs yeux, des<br />

mécanismes de déf<strong>en</strong>se contre c<strong>et</strong>te image s<strong>en</strong>sorielle qui va s’incruster<br />

<strong>en</strong> eux ; mécanismes de déf<strong>en</strong>se que sont l’angoisse (sous l’une des<br />

formes signalées dans l’échelle de dissociation péritraumatique), le déni<br />

(c’est-à-dire le refus de pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte la réalité ; ici le réel de ce<br />

qu’ils ont vécu) ou la perte de connaissance qui est une façon de se<br />

soustraire à c<strong>et</strong>te réalité (à ce réel).

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