Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
LA NÉVROSE TRAUMATIQUE DÉCLENCHÉE 75<br />
nouveau hospitalisé, mais dans un autre hôpital, où il va séjourner puis v<strong>en</strong>ir<br />
<strong>en</strong> consultation p<strong>en</strong>dant quelques mois. C<strong>et</strong>te deuxième <strong>prise</strong> <strong>en</strong> <strong>charge</strong><br />
thérapeutique sera la bonne.<br />
Il s’agit là de deux cas qui ont bénéficié de traitem<strong>en</strong>t. Mais il nous<br />
arrive souv<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre des confid<strong>en</strong>ces de militaires — que nous<br />
devons à notre spécialité de psychiatre — ayant prés<strong>en</strong>té un syndrome<br />
de répétition, avec ou sans symptômes d’accompagnem<strong>en</strong>t, <strong>et</strong> qui ont<br />
guéri sans aucune aide.<br />
Les évolutions fluctuantes<br />
Il est impossible de décrire ce type d’évolution, qui diffère d’un<br />
suj<strong>et</strong> à l’autre. On peut <strong>en</strong> donner néanmoins quelques aperçus <strong>et</strong> nous<br />
allons t<strong>en</strong>ter de faire des regroupem<strong>en</strong>ts à peu près homogènes. C’est<br />
souv<strong>en</strong>t par périodes plus ou moins longues <strong>et</strong> plus ou moins int<strong>en</strong>ses<br />
que <strong>les</strong> symptômes se manifest<strong>en</strong>t, avec parfois des espaces libres qui<br />
peuv<strong>en</strong>t durer plusieurs années. Aucune logique appar<strong>en</strong>te ne semble<br />
présider à ces changem<strong>en</strong>ts <strong>et</strong> c’est justem<strong>en</strong>t le travail du thérapeute<br />
d’aider le suj<strong>et</strong> à <strong>en</strong> trouver <strong>les</strong> ressorts. Parfois <strong>les</strong> rechutes sont<br />
aisém<strong>en</strong>t compréh<strong>en</strong>sib<strong>les</strong> : dates anniversaires, faits d’actualité ayant<br />
une similitude avec l’événem<strong>en</strong>t traumatique, épreuves r<strong>en</strong>contrées par<br />
le suj<strong>et</strong> (deuil, chômage, divorce, <strong>et</strong>c.), lectures inopportunes, images<br />
cinématographiques. Ces évolutions fluctuantes sont probablem<strong>en</strong>t <strong>les</strong><br />
plus nombreuses, el<strong>les</strong> peuv<strong>en</strong>t garder une certaine constance dans la<br />
durée <strong>et</strong> dans la gravité des épisodes tout au long de la vie, ou conduire<br />
à des aggravations progressives jusqu’à ne plus fluctuer du tout, ou au<br />
contraire s’atténuer jusqu’à ne plus produire que quelques cauchemars<br />
de temps <strong>en</strong> temps.<br />
Farouk<br />
Farouk est un algéri<strong>en</strong> de treize ans qui faisait partie d’une famille où tous<br />
ses frères étai<strong>en</strong>t dans la rébellion. Pris par l’armée française alors qu’il<br />
transportait du courrier pour le maquis, il est am<strong>en</strong>é à la caserne <strong>et</strong> torturé<br />
pour livrer <strong>les</strong> r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts qu’il pouvait donner ; puis il y est gardé<br />
par crainte qu’il ne soit exécuté comme traître. Son désir était néanmoins<br />
de r<strong>et</strong>ourner dans sa famille. Un jour, son père annonce sa visite <strong>et</strong> son<br />
int<strong>en</strong>tion de le récupérer, mais <strong>les</strong> officiers français convainqu<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>fant<br />
de raconter à son père qu’il est bi<strong>en</strong> traité <strong>et</strong> qu’il préfère rester avec eux.<br />
Son père n’insiste pas <strong>et</strong> s’<strong>en</strong> r<strong>et</strong>ourne chez lui. Jusqu’à la fin de la guerre,<br />
Farouk participe à quelques opérations contre <strong>les</strong> rebel<strong>les</strong>, puis <strong>en</strong> 1962<br />
est emm<strong>en</strong>é <strong>en</strong> France où il s’<strong>en</strong>gage dans la Légion. Il est réformé deux<br />
ans plus tard pour une névrose traumatique grave ; celle-ci va évoluer de