Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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12 CLINIQUE<br />
prés<strong>en</strong>ce va se faire s<strong>en</strong>tir très souv<strong>en</strong>t tout au long de la vie du suj<strong>et</strong>.<br />
Ce « corps étranger interne » (Freud, 1895) est la source d’une quantité<br />
d’énergie bi<strong>en</strong> plus forte que celle qui circule <strong>en</strong>tre <strong>les</strong> représ<strong>en</strong>tations.<br />
L’analyse de ces deux schémas conduit à la réflexion suivante :<br />
Dans le stress, l’appareil psychique, une fois la m<strong>en</strong>ace disparue, va<br />
peu à peu repr<strong>en</strong>dre sa forme initiale. La souffrance psychique, quand<br />
le facteur stressant ne pèsera plus, s’estompera <strong>en</strong> quelques heures,<br />
semaines, mois ou années (dans le cas d’un deuil par exemple). Dans<br />
le trauma, <strong>en</strong> revanche, la disparition de l’élém<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>açant n’influe<br />
<strong>en</strong> ri<strong>en</strong> sur <strong>les</strong> troub<strong>les</strong> <strong>psychiques</strong> générés par ce « corps étranger<br />
interne » <strong>et</strong> la prés<strong>en</strong>ce à demeure de l’image traumatique va causer des<br />
perturbations dans le fonctionnem<strong>en</strong>t de l’appareil psychique p<strong>en</strong>dant<br />
une très longue période, voire même tout au long de la vie du suj<strong>et</strong>. C<strong>et</strong>te<br />
idée de bouleversem<strong>en</strong>t profond apparaît dans l’étymologie du mot<br />
« trauma », terme polysémique qui signifie « b<strong>les</strong>sure avec effraction »<br />
mais égalem<strong>en</strong>t « désastre ou déroute d’une armée ». Se r<strong>et</strong>rouv<strong>en</strong>t<br />
là diverses connotations : béance, agression, limite franchie, intrusion<br />
indue d’un <strong>en</strong>nemi dans un territoire jusqu’alors déf<strong>en</strong>du, irruption de<br />
la viol<strong>en</strong>ce <strong>et</strong> de la mort, rupture d’une unité, bataille perdue, désorganisation,<br />
anéantissem<strong>en</strong>t... L’exploration de la richesse étymologique<br />
du mot grec n’est pas un simple jeu intellectuel mais perm<strong>et</strong> de mieux<br />
<strong>en</strong>trevoir l’expéri<strong>en</strong>ce vécue dans le traumatisme psychique.<br />
Stress <strong>et</strong> trauma peuv<strong>en</strong>t être prés<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>semble, ce qui explique,<br />
à notre avis, la raison pour laquelle le trauma a été assimilé à un<br />
stress, d’autant que la prés<strong>en</strong>ce du trauma peut augm<strong>en</strong>ter <strong>les</strong> manifestations<br />
du stress. À l’angoisse créée par la m<strong>en</strong>ace externe s’ajoute une<br />
angoisse prov<strong>en</strong>ant de l’image traumatique que l’on pourrait qualifier<br />
de m<strong>en</strong>ace interne. Ainsi, lors d’un att<strong>en</strong>tat, le bruit de l’explosion<br />
de la bombe — mom<strong>en</strong>t où le suj<strong>et</strong> se voit mort — peut provoquer<br />
le traumatisme ; <strong>les</strong> b<strong>les</strong>sures des passagers, leurs cris, la fumée qui<br />
se répand dans la rame, l’att<strong>en</strong>te des secours, peuv<strong>en</strong>t causer le stress<br />
(fig. 1.4).<br />
Image traumatique<br />
m<strong>en</strong>ace externe<br />
m<strong>en</strong>ace interne<br />
Figure 1.4. Stress traumatique<br />
Les symptômes du stress sont initialem<strong>en</strong>t au-devant de la scène mais<br />
ils vont s’estomper dans un délai relativem<strong>en</strong>t bref. S’il y a eu trauma,