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Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge

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28 CLINIQUE<br />

Ainsi, l’effroi est-il mal connu <strong>et</strong> privilégie-t-on dans <strong>les</strong> descriptions<br />

<strong>clinique</strong>s ce qui est <strong>en</strong>globé sous l’appellation de stress dépassé. Pour<br />

asseoir c<strong>et</strong>te <strong>clinique</strong> de l’effroi, nous avons choisi de partir d’observations<br />

où il se manifeste à l’état pur <strong>et</strong> où le suj<strong>et</strong> est capable d’<strong>en</strong><br />

faire le récit, si bref soit-il généralem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> particulier quand aucun<br />

phénomène de stress ou d’angoisse ne vi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> masquer l’expression.<br />

Nous verrons <strong>en</strong>suite <strong>les</strong> moy<strong>en</strong>s de déf<strong>en</strong>se que le suj<strong>et</strong> m<strong>et</strong> <strong>en</strong> œuvre<br />

pour se protéger des eff<strong>et</strong>s de l’effraction génératrice d’effroi : le déni,<br />

la perte de connaissance, mais aussi le développem<strong>en</strong>t d’une angoisse.<br />

Nous savons que Freud p<strong>en</strong>sait que l’angoisse pouvait faire barrage à<br />

l’effraction traumatique, d’où l’importance qu’il accordait à l’eff<strong>et</strong> de<br />

sur<strong>prise</strong>. Mais l’angoisse peut aussi avoir un rôle protecteur après le<br />

trauma ; elle est alors préférable pour le suj<strong>et</strong> à ce vide qu’installe <strong>en</strong><br />

lui le face à face avec le néant. En conclusion, nous verrons qu’une<br />

connaissance de l’effroi par le pratici<strong>en</strong> l’aide dans ses <strong>prise</strong>s <strong>en</strong> <strong>charge</strong><br />

thérapeutiques <strong>et</strong>, <strong>en</strong> particulier, que plus il fait parler la victime, <strong>et</strong> le<br />

plus tôt possible, plus il l’aide à sortir de sa capture par l’événem<strong>en</strong>t.<br />

CLINIQUE DE L’EFFROI<br />

Celle-ci est exactem<strong>en</strong>t superposable au schéma psychopathologique<br />

de l’effraction traumatique. L’effroi est dit par <strong>les</strong> suj<strong>et</strong>s <strong>en</strong> termes de<br />

« panne », de « blanc », d’éclipse de soi — « Je n’étais plus là » —,<br />

de compl<strong>et</strong> sil<strong>en</strong>ce, de perte des mots ou, comme ce pati<strong>en</strong>t : « Une<br />

lumière intérieure s’est éteinte. » L’un de nos pati<strong>en</strong>ts parlait jolim<strong>en</strong>t<br />

de « mom<strong>en</strong>t de black-out » (cf. observation 4). Le plus souv<strong>en</strong>t, c’est<br />

un « arrêt de la p<strong>en</strong>sée » qui est décrit. La durée de c<strong>et</strong>te expéri<strong>en</strong>ce très<br />

particulière est généralem<strong>en</strong>t très brève <strong>et</strong>, à chaque fois, l’abs<strong>en</strong>ce de<br />

toute émotion est notée, ce qui chez <strong>les</strong> soldats, par exemple, passe à<br />

leurs propres yeux pour une manifestation de courage : « Ils n’ont pas<br />

eu peur. »<br />

Observation 1<br />

C<strong>et</strong>te jeune étudiante att<strong>en</strong>d son ami au bas de l’immeuble de ses par<strong>en</strong>ts.<br />

Un agresseur lui appuie un revolver dans <strong>les</strong> reins <strong>et</strong> l’oblige à monter avec<br />

lui à l’appartem<strong>en</strong>t. Tout <strong>en</strong> lui obéissant, elle m<strong>et</strong> un mom<strong>en</strong>t à réaliser ce<br />

qui se passe. Son ami arrive <strong>et</strong> la fouille de l’appartem<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>ce. Elle<br />

ne s’exécute pas assez vite. L’agresseur lui m<strong>et</strong> le revolver sur le front. « Là,<br />

tout d’un coup, ça a été le vide, plus ri<strong>en</strong>, plus de p<strong>en</strong>sées, je me souvi<strong>en</strong>s<br />

que je regardais seulem<strong>en</strong>t mon ami. » À ce mom<strong>en</strong>t, elle ne ress<strong>en</strong>tait<br />

ni peur ; ni angoisse. Elle a l’impression que ça dure longtemps, mais on

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