Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
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© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
LA NÉVROSE TRAUMATIQUE DÉCLENCHÉE 67<br />
Autres symptômes <strong>et</strong> syndromes<br />
L’anxiété <strong>et</strong> l’angoisse<br />
Nous trouvons ici toutes <strong>les</strong> formes classiques de l’angoisse <strong>et</strong> de<br />
l’anxiété : dépersonnalisation <strong>et</strong> déréalisation, phobie, crise d’angoisse<br />
aiguë (attaque de panique), fond anxieux perman<strong>en</strong>t (anxiété généralisée).<br />
L’angoisse est <strong>en</strong> rapport direct avec l’inscription du réel de la<br />
mort dans la psyché. Elle est constante <strong>et</strong> apparaît sous la forme d’une<br />
angoisse de fond qui est à l’origine des difficultés d’<strong>en</strong>dormissem<strong>en</strong>t,<br />
<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> s’ajout<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t à la crainte de faire des cauchemars.<br />
L’angoisse pr<strong>en</strong>d dans la névrose des formes très caractéristiques<br />
comme la réaction de sursaut, souv<strong>en</strong>t classée par <strong>les</strong> auteurs dans<br />
le syndrome de répétition : sursaut au bruit, à la lumière, au toucher,<br />
c’est-à-dire à des perceptions s<strong>en</strong>sitives ou s<strong>en</strong>soriel<strong>les</strong> qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le<br />
suj<strong>et</strong> par sur<strong>prise</strong>. Cela arrive même parfois sans que l’eff<strong>et</strong> de sur<strong>prise</strong><br />
joue vraim<strong>en</strong>t : nous p<strong>en</strong>sons ici au calvaire que viv<strong>en</strong>t le 14 juill<strong>et</strong><br />
<strong>les</strong> victimes d’att<strong>en</strong>tats à l’explosif quand part<strong>en</strong>t <strong>les</strong> pétards du feu<br />
d’artifice. La perception privilégiée pour la réaction de sursaut est celle<br />
qui est liée au mom<strong>en</strong>t traumatique. Le décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t du sursaut peut<br />
être plus ou moins int<strong>en</strong>se mais peut pr<strong>en</strong>dre la forme d’une grande crise<br />
émotionnelle.<br />
Les phobies sont nombreuses, référab<strong>les</strong> dans une première approche<br />
à la « fin de l’illusion de l’immortalité », dont nous avons déjà parlé.<br />
El<strong>les</strong> ont souv<strong>en</strong>t un rapport avec <strong>les</strong> circonstances du traumatisme mais<br />
jamais vraim<strong>en</strong>t exclusivem<strong>en</strong>t.<br />
Dans <strong>les</strong> psychothérapies psychodynamiques, on s’aperçoit <strong>en</strong> même<br />
temps que le pati<strong>en</strong>t que ces phobies ont d’autres causes que celle de la<br />
mort dev<strong>en</strong>ue ubiquitaire <strong>et</strong> pouvant surgir à tout mom<strong>en</strong>t.<br />
On peut citer, à ce suj<strong>et</strong>, ce pati<strong>en</strong>t qui avait subi deux agressions au<br />
revolver à son guich<strong>et</strong> de banque. Il se s<strong>en</strong>tait partout m<strong>en</strong>acé <strong>et</strong> surveillé<br />
par un tueur pot<strong>en</strong>tiel <strong>et</strong>, pour c<strong>et</strong>te raison vivait <strong>en</strong>fermé chez lui. Il devait<br />
cep<strong>en</strong>dant de temps <strong>en</strong> temps pr<strong>en</strong>dre le métro ou le RER, ne serait-ce<br />
que pour v<strong>en</strong>ir aux consultations. Là, il pr<strong>en</strong>ait une attitude fermée, ne<br />
regardant personne <strong>et</strong> restant sur ses gardes. Il s’aperçoit un jour que c<strong>et</strong>te<br />
attitude relevait autant d’un grand mépris pour ses congénères que d’un<br />
s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de m<strong>en</strong>ace. Dans le fond, il annulait <strong>les</strong> autres <strong>et</strong> espérait qu’ils<br />
le remarqu<strong>en</strong>t. Une fois, une femme assise <strong>en</strong> face de lui s’était mise à<br />
pleurer <strong>et</strong> il avait p<strong>en</strong>sé que la cause <strong>en</strong> était son attitude ost<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t<br />
méprisante (voir le ress<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t du traumatisé pour ces êtres humains qui<br />
l’ont abandonné). L’intérêt de c<strong>et</strong>te découverte est que, lui, « le bon ange »<br />
(c’est ainsi qu’il se vivait depuis son <strong>en</strong>fance) s’est mis à faire des rêves où<br />
c’était lui l’agresseur <strong>et</strong> le meurtrier ; il a aussi r<strong>et</strong>rouvé dans son passé des