Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
Traiter les traumatismes psychiques : clinique et prise en charge
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
LA NÉVROSE TRAUMATIQUE DÉCLENCHÉE 73<br />
bi<strong>en</strong> pour l’officier <strong>et</strong> pour ses hommes, affirme-t-il. Lui-même n’a pas eu,<br />
dit-il, de troub<strong>les</strong> du sommeil. Trois ans plus tard il est r<strong>en</strong>voyé au même<br />
<strong>en</strong>droit, mais pour une autre mission. À son r<strong>et</strong>our il décl<strong>en</strong>che un diabète<br />
grave, insulinodép<strong>en</strong>dant, pour lequel on ne peut incriminer aucune cause<br />
classique, aucune prédisposition. Pressé de dire s’il lui vi<strong>en</strong>t à l’esprit un<br />
souv<strong>en</strong>ir qu’il pourrait nous raconter, il nous fait le récit suivant : un jour, ne<br />
pouvant atteindre à la pioche le fond d’un puits, ils ont utilisé une pell<strong>et</strong>euse.<br />
La b<strong>en</strong>ne a ram<strong>en</strong>é <strong>en</strong>tre ses d<strong>en</strong>ts, par la nuque <strong>et</strong> <strong>en</strong> le levant <strong>en</strong> l’air, le<br />
corps d’une jeune fille, saponifié, quasi intact. Son récit ne laisse pas passer<br />
d’émotions, sans que pour autant on puisse parler de froideur. Sa voix<br />
ne tremble pas. Pourtant, son récit a une grande force suggestive, à faire<br />
frémir d’horreur n’importe quel auditeur. Il accepte sans discuter que son<br />
diabète puisse être d’origine psychique, mais il le « gère » bi<strong>en</strong> <strong>et</strong> l’armée a<br />
aménagé au mieux pour lui la situation. Il nous quitte sur une interrogation :<br />
fera-t-il avec notre certificat une demande de p<strong>en</strong>sion ? La seule chose qui<br />
pourrait l’y pousser est le sort financier de sa femme <strong>et</strong> de ses trois <strong>en</strong>fants<br />
s’il mourait !<br />
FORMES ÉVOLUTIVES<br />
Chaque névrose traumatique a son style évolutif, aussi est-il difficile<br />
de faire des regroupem<strong>en</strong>ts homogènes, sauf peut-être dans <strong>les</strong><br />
cas extrêmes : graves ou bénins. Entre <strong>les</strong> deux, <strong>les</strong> sur<strong>prise</strong>s sont<br />
constantes, des périodes d’accalmie succèd<strong>en</strong>t à des périodes de grande<br />
souffrance, une multitude d’événem<strong>en</strong>ts interfèr<strong>en</strong>t pour provoquer des<br />
changem<strong>en</strong>ts plus ou moins durab<strong>les</strong>, parfois définitifs.<br />
Les évolutions bénignes<br />
El<strong>les</strong> vont de l’apparition d’un syndrome de répétition qui se<br />
manifeste de façon espacée, à sa disparition définitive, ceci avec ou sans<br />
traitem<strong>en</strong>t. La guérison s’annonce généralem<strong>en</strong>t par une modification<br />
du cauchemar dans lequel l’événem<strong>en</strong>t traumatique est transposé,<br />
« métaphorisé ». Ce sont souv<strong>en</strong>t <strong>les</strong> élém<strong>en</strong>ts de l’histoire du suj<strong>et</strong><br />
qui donn<strong>en</strong>t lieu à des scénarios angoissants. Il y a aussi de fausses<br />
guérisons dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> cauchemars cess<strong>en</strong>t sans avoir suivi un<br />
travail d’élaboration <strong>et</strong> peuv<strong>en</strong>t réapparaître tels quels des mois ou des<br />
années plus tard.