L’expérience montre que <strong>la</strong> pensée discursive et <strong>la</strong> <strong>com</strong>préhension intellectuelle nerésolvent pas les problèmes vitaux. On peut être un spécialiste du bouddhisme, duvédanta, du taçawuf sans être le moins du mon<strong>de</strong> libéré <strong>de</strong>s désirs et <strong>de</strong>s constructions dumental. Le samadhi est une intuition immédiate <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vérité ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> Réalité qui seulepeut nous délivrer <strong>de</strong> l’attachement. Le samadhi est le couronnement <strong>de</strong> <strong>la</strong> méditation etil <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une concentration <strong>de</strong> l’attention tout à fait exceptionnelle. Le moyen efficace<strong>de</strong> développer <strong>la</strong> concentration au <strong>de</strong>gré nécessaire est <strong>de</strong> faire disparaître les obstacles àcette concentration beaucoup plus que d’essayer <strong>de</strong> <strong>la</strong> cultiver en ellemême. Cesobstacles sont justement <strong>la</strong> richesse et l’agitation du nonmanifesté et on ne peut s’enrendre libre qu’en les <strong>la</strong>issant monter à <strong>la</strong> surface, s’extirper et perdre leur pouvoir à <strong>la</strong>lumière <strong>de</strong> <strong>la</strong> conscience.La sensualité, l’agressivité, <strong>la</strong> torpeur, les soucis, les doutes, <strong>la</strong> vanité sont lesobstacles signalés dans tous les enseignements, mais ce ne sont que les produits <strong>de</strong>sources plus profon<strong>de</strong>s. Il est vain <strong>de</strong> vouloir les réprimer par force pour pouvoir «méditer ». Il faut les faire diminuer et mourir peu à peu. L’existence humaine est alorsune régénération. Sinon elle est une dégénérescence. Nous nous construisons ou nousnous détruisons nousmêmes. Tout ce que nous pensons, disons, faisons, entendons,voyons aujourd’hui constitue ce que sera notre être <strong>de</strong>main. Nous sommes aujourd’hui lesauteurs <strong>de</strong> notre <strong>de</strong>stin <strong>de</strong> <strong>de</strong>main. Là nous avons tout <strong>de</strong> même une certaine possibilitéd’intervention, même si notre être aujourd’hui est le résultat <strong>de</strong> ce que nous avons vécuhier. Si je m’en tiens à l’ambition, aux p<strong>la</strong>isirs et à l’agressivité, sans faire leur p<strong>la</strong>ce àl'esprit <strong>de</strong> sacrifice, à l’amour désintéressé, à l’effort pour se connaître et qu’en outre jen’essaie même pas <strong>de</strong> <strong>com</strong>prendre quel peut être le sens <strong>de</strong> l’existence humaine, il estcertain que <strong>la</strong> qualité d’être que je me prépare pour l’avenir sera médiocre, quelle que soitma réussite apparente dans <strong>la</strong> vie. Il est non moins certain que je ne peux m’attendre ni à<strong>la</strong> paix ni au véritable bonheur qui tiennent a l’être et non à l’avoir.Aucune vue partielle n’est juste puisque tout dépend <strong>de</strong> tout. L’attitu<strong>de</strong> qui permet <strong>de</strong>progresser dans <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> soi est le contraire <strong>de</strong> celle qui veut isoler etimmobiliser un phénomène pour l’analyser tranquillement. La loi fondamentale àreconnaître est que rien, ni pensée, ni émotion, ni événement, ni action, rien ne se produitindépendamment, tout est dépendant d’une ou plusieurs causes et conditions (oucirconstances). C’est évi<strong>de</strong>nt et je crois que personne ne le discute. Mais il faut aussi entirer toutes les conclusions qui s’imposent. Naturellement les causes et conditions ne sontpas non plus statiques mais sont ellesmêmes instables, en état <strong>de</strong> changement,d’impermanence. Notre mental fonctionnant en immobilisant et en séparant, il nous estdifficile <strong>de</strong> percevoir <strong>la</strong> vie <strong>com</strong>me une totalité en mouvement et, qui plus est, dont aucunélément n’a <strong>de</strong> réalité en luimême. La seule réalité indépendante, c’est le vi<strong>de</strong>(shunyata).Ceci se produit parce que ceci s’est produit qui s’est produit parce que ce<strong>la</strong> s’estproduit, etc. La jument <strong>de</strong> Madame <strong>la</strong> Marquise a péri parce que les écuries ont brûlé, lesécuries ont brûlé parce que le château a pris feu, le château a pris feu parce que les*
chan<strong>de</strong>lles sont tombées sur les ri<strong>de</strong>aux, les chan<strong>de</strong>lles sont tombées parce que le marquisles a entraînées dans sa chute, le marquis a chuté parce qu’il s’est suicidé, il s’est suicidéparce qu’il était ruiné, etc. Et voilà <strong>com</strong>ment, dans mon enfance, Ray Ventura prêchait —sans y songer, je suppose — les fon<strong>de</strong>ments mêmes <strong>de</strong> l’enseignement du Bouddha(pattica samuppada).Il n’y a rien qui ne soit un moment d’une chaîne <strong>de</strong> causes et d’effets. Rien n’arrivequi ne découle d’autres choses. Rien n’arrive non plus dont d’autres choses nedécouleront pas. Disons simplement que, <strong>la</strong> plupart du temps, les re<strong>la</strong>tions entre lescauses et les effets nous échappent <strong>com</strong>plètement. Mais cette façon <strong>de</strong> voir qui imprègnetous les enseignements traditionnels se retrouve dans les différentes sciencescontemporaines. Quand je parle <strong>de</strong> cause et d’effet, il est bien entendu qu’on ne peutisoler ni rendre « réelle » ou indépendante aucune cause — ni aucun effet. D’autre part, ilfaut toujours parler <strong>de</strong> causes (ou <strong>de</strong> conditions) et d’effets au pluriel.Il n’y a pas un détail insignifiant <strong>de</strong> notre vie, un geste inutile, une pensée futile qui aitune existence indépendante, qui advienne « <strong>com</strong>me ça », fortuitement, sans re<strong>la</strong>tion avecquoi que ce soit d’autre.Re<strong>la</strong>tivement, tandis que j’écris ces pages dans un petit ashram près <strong>de</strong> Ranchi, auBihar, j’ai sous les yeux un arbuste, <strong>de</strong>s fleurs, une femme en sari qui nettoie <strong>la</strong> vaisselleavec du sable. Absolument, il n’y a ni arbuste, ni fleurs, ni femme. Cet arbuste s’esttransformé <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> <strong>la</strong> mousson, ces fleurs n’étaient pas là quand je suis arrivéet ne seront plus là quand je partirai, cette femme est une succession <strong>de</strong> gestes que jeperçois, <strong>de</strong> pensées que j’ignore, d’émotions que je <strong>de</strong>vine. Cet arbuste n’est qu’uneexpression, une forme d’une énergie plus vaste que lui. Si je ne tiens pas à l’arbuste, si jen’y suis pas « attaché », si je n’attends rien <strong>de</strong> lui,je peux le percevoir <strong>com</strong>me un momentd’un <strong>de</strong>venir, d’un flux, dépendant <strong>de</strong> l’air, <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre, <strong>de</strong> <strong>la</strong> pluie, du jardinier. Je perçois,au<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’arbuste transitoire, une vie ou une énergie fantastiquement intense, illimitée,éternelle. J’entends « le <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong> <strong>la</strong> création ». Mais si l’arbuste en luimême me<strong>de</strong>vient à moi, pour moi, important, cette vision disparaît.C’est l’attachement qui nous aveugle à <strong>la</strong> Réalité. Et c’est l’aveuglement qui nousmaintient dans l’attachement. Cet attachement s’exprime par : « Je veux » et par: « J’aime», exactement le contraire <strong>de</strong> l’amour véritable. Qu’en français le même mot amourtraduise les <strong>de</strong>ux termes sanscrits <strong>de</strong> moha etprem ne nous facilite pas une approche c<strong>la</strong>ire<strong>de</strong> <strong>la</strong> question.Avant tout, cet attachement refuse d’accepter l’impermanence et <strong>la</strong> transformation.C’est absolu, radical : je n’accepte pas que tout soit transitoire. Or il n’y a pasd’affirmation générale qui n’ait <strong>de</strong> source particulière: un événement précis dont lesouvenir est conservé dans l’inconscient. « En amour on est toujours trahi », par exemple,signifie : « Une fois bien précise — fûtce à l’âge <strong>de</strong> trois ans... ou <strong>de</strong> trois semaines —j’ai été trahi en amour. » De <strong>la</strong> même façon, le refus du changement général estl’expression du refus total d’un certain changement précis advenu dans notre petiteenfance, vécu <strong>com</strong>me intolérable ou terrifiant, et <strong>com</strong>plètement refoulé dans l’inconscient; tant que <strong>la</strong> source particulière <strong>de</strong> ce refus général n’a pas été retrouvée, revécue et
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peut pas envisager. Et, pourtant, c
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toutes choses. » Quel homme ? L’