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Les chemins de la sagesse - Livresnumeriquesgratuits.com

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souffrance morale, au désespoir à l’angoisse et à <strong>la</strong> peur. La voie qui mène à <strong>la</strong> libération<strong>de</strong> <strong>la</strong> souffrance passe par l’acceptation <strong>de</strong> <strong>la</strong> souffrance. A <strong>la</strong> plus horrible angoisse ledisciple dit oui et l’accueille avec autant <strong>de</strong> bienvenue que <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> joie. Je ne parlepas <strong>de</strong> <strong>la</strong> cause <strong>de</strong> cette souffrance mais <strong>de</strong> l’état émotionnel lui­même. Des événementssemb<strong>la</strong>bles ne déclenchent pas <strong>la</strong> même intensité d’émotion chez tout le mon<strong>de</strong>. Ce quiest très supportable à l’un est intolérable à l’autre et vice versa selon les prédispositions<strong>la</strong>tentes.Si je suis licencié <strong>de</strong> l’entreprise où je travaille, si mon associé m’a trahi, si mon mariest parti en voyage avec sa maîtresse, il y a là <strong>de</strong>s faits qui me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt d’intervenir et<strong>de</strong> répondre selon ce qu’exige <strong>la</strong> justice <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation. Je répète qu’il ne s’agit pas <strong>de</strong>résignation passive. Il s’agit <strong>de</strong> non­dualisme.Le reproche <strong>de</strong> résignation qui est si souvent mis en avant pour attaquer les doctrinesorientales n’a pas plus <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>ment que l’accusation <strong>de</strong> panthéisme. La résignationsupposerait que <strong>la</strong> manifestation est figée et que les choses ne changent pas. Accepter cequi est, c’est accepter le changement, <strong>la</strong> transformation, l’évolution. Résignation nepourrait signifier que vouloir faire durer ce qui ne dure pas. L’acceptation est le contraire<strong>de</strong> <strong>la</strong> résignation, car ce qui est pleinement accepté perd son pouvoir et disparaît. Ce quiest dénié est refoulé et subsiste à l'état potentiel. Plus on refuse, plus ce qui est refusé ourepoussé prend <strong>de</strong> force. Il n’est donc pas question <strong>de</strong> se <strong>com</strong>p<strong>la</strong>ire dans quoi que ce soit,morbi<strong>de</strong> ou pas, puisqu’il n’y a, en vérité, rien <strong>de</strong> stable ou permanent en quoi on puissese <strong>com</strong>p<strong>la</strong>ire. <strong>Les</strong> accusations <strong>de</strong> résignation et <strong>de</strong> <strong>com</strong>p<strong>la</strong>isance sont fondées sur <strong>la</strong>fausse vision <strong>de</strong>s choses dans <strong>la</strong>quelle on ne réalise pas que <strong>la</strong> page est tout le tempstournée, à chaque cent milliardième <strong>de</strong> secon<strong>de</strong>.Oui j’ai reçu cette lettre <strong>de</strong> licenciement, non je n’aurais pas dû <strong>la</strong> recevoir. Oui je suisaffreusement malheureux, non je ne <strong>de</strong>vrais pas être malheureux. Seul le oui est vrai. Oui,j’ai reçu cette lettre, oui j’ai reçu cette lettre, oui,j’ai reçu cette lettre. Oui, je souffre, ouije souffre, oui je souffre, sans aucun non. Oui à l’émotion, aussi intolérable soit­elle. J’aireçu au courrier une nouvelle terrible, effroyable et, à cause <strong>de</strong> ce fait extérieur à moi, mevoici soumis — au sens le plus rigoureux <strong>de</strong> ce mot — à une émotion suffocante que jen’avais pas une minute auparavant et que je n’aurais pas eue si <strong>la</strong> lettre avait été un avisd’augmentation <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ire. Pour le moment ce n’est pas l’événement qui importe, c’estmon état intérieur, l’émotion en tant qu’émotion.Parce que je ne peux pas accepter l’événement, <strong>la</strong> mauvaise nouvelle et être un avecelle, l’émotion naît. L’émotion n’est pas produite par le fait lui­même, aussi « dramatique» soit­il, mais par le refus du fait, <strong>la</strong> coexistence du oui et du non. Si un fait pouvait êtrepar lui­même seulement <strong>la</strong> cause d’une émotion, il n’aurait jamais existé aucun sage «libéré », aucun jivanmukta, et nous n’aurions aucun espoir <strong>de</strong> libération et <strong>de</strong> sérénitédurable. Puisque je ne peux accepter le fait,j’accepte l’émotion. Toute émotion, parcequ’elle n’existait pas huit jours avant ni quelques minutes avant <strong>de</strong> naître, est <strong>de</strong>stinée àmourir. Puisqu’elle a un <strong>com</strong>mencement elle aura une fin. Aucune joie et aucunesouffrance n’est éternelle. L’émotion naît, se développe et meurt — c’est fini,<strong>com</strong>plètement fini — sauf si nous empêchons son jeu naturel. Mais nous nous

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