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Les chemins de la sagesse - Livresnumeriquesgratuits.com

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certains, qui n’avaient besoin ni <strong>de</strong> vie sexuelle, ni d’avoir <strong>de</strong>s enfants, ni <strong>de</strong> gagner <strong>de</strong>l’argent abordaient immédiatement le <strong>de</strong>rnier ashrama et <strong>de</strong>venaient sannyâsin, moinesconsacrés par une initiation et disciples d’un maître dans celui <strong>de</strong>s yogas ou celle <strong>de</strong>svoies (marga) convenant à leur tempérament.L’hindou traditionnel qui, à n’importe quel âge <strong>de</strong> sa vie, veut tout abandonner pour seconsacrer à <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> <strong>la</strong> Réalité suprême par <strong>la</strong> voie du yoga est parfaitement «normal » et prêt à abor<strong>de</strong>r le domaine du supra­normal. C’est un être sans gros problèmeindividuel et sans contradictions en lui. Comparé à lui, l’Européen mo<strong>de</strong>rne qui se <strong>de</strong>stineau yoga est, au contraire, presque toujours anormal même si son état ne lui paraît releverni du psychanalyste ni du psychothérapeute. Nul ne peut aller directement <strong>de</strong> l’anorma<strong>la</strong>u supra­normal sans passer d’abord par le normal. L’homme mo<strong>de</strong>rne est le fruit d’unesociété, d’une conception <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille, d’un enseignement, d’une série d’influences(presse, cinéma, télévision) qui ont cristallisé son individualisme et son égoïsmeinfantiles et le ren<strong>de</strong>nt aussi peu qualifié que possible pour abor<strong>de</strong>r sans préparation lesdisciplines traditionnelles.Je veux préciser ce point parce qu’il est essentiel et, j’ai eu cent fois l’occasion <strong>de</strong>m’en rendre <strong>com</strong>pte, fort peu <strong>com</strong>pris <strong>de</strong> mes frères et sœurs français attirés par le yoga,le zen, le védanta ou <strong>la</strong> méditation. La super gran<strong>de</strong> réalisation extraordinaire,transcendante et sublime <strong>de</strong> <strong>la</strong> Réalité ultime, illimitée, infinie, éternelle, etc., estsimplement « l’état sans ego ». <strong>Les</strong> grands sages hindous, tibétains, soufis, avec leurnoblesse d’un autre mon<strong>de</strong>, leur regard souvent insoutenable, leurs pouvoirsexceptionnels et leur paix in<strong>com</strong>préhensible sont « sans ego ». Et sans ego, ce<strong>la</strong> veutd’abord dire sans égoïsme. L’intérêt pour l’autre, <strong>la</strong> prise en considération <strong>de</strong> l’autre,imprègnent tout l’hindouisme, tout le bouddhisme et toute société fondée sur unetradition.Vu du <strong>de</strong>hors, et par les aveugles que nous sommes, l’ordre traditionnel apparaît<strong>com</strong>me un carcan tyrannique qui brise <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong>s êtres et il n’est question qued’affranchissement et d’émancipation. Mais <strong>de</strong>s années (exactement quinze ans)d’observations répétées en In<strong>de</strong>, au Bhoutan, chez les Tibétains et au cœur <strong>de</strong> l’Is<strong>la</strong>m,m’ont prouvé et confirmé que cet ordre, du moins lorsqu’il est toujours vivant et non pasdégénéré, est au contraire <strong>la</strong> condition <strong>de</strong> <strong>la</strong> vraie liberté <strong>de</strong> l’homme, <strong>la</strong> liberté intérieure,<strong>la</strong> liberté psychologique. Pourquoi ? Parce que les enfants sont parfaitement <strong>de</strong>s enfants,les adolescents <strong>de</strong>s adolescents, les femmes <strong>de</strong>s femmes, les hommes <strong>de</strong>s hommes et,surtout, les adultes <strong>de</strong>s adultes. Or, si l’enfant a besoin que les autres vivent pour lui, <strong>la</strong>définition <strong>de</strong> l’adulte est, inversement, <strong>de</strong> vivre pour les autres. Le mot sanscrit seva,service, est un mot magique pour les hindous. C’est avec le mot seva que Gandhi a réussià mobiliser l’In<strong>de</strong>. Et le premier service est le service <strong>de</strong> Dieu sous <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> sescréatures ou <strong>de</strong> l’atman en toutes ses manifestations. L’enfant, dès son jeune âge, voit sesparents servir le sadhou, le religieux itinérant. L’homme entre tous respecté et admirén’est pas <strong>la</strong> ve<strong>de</strong>tte <strong>de</strong> cinéma, le richissime businessman ou le politicien à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>, maisl’homme le plus pauvre <strong>de</strong> tous qui n’a que son bol et sa robe. Devant lui, le petit enfant avu son père et sa mère se prosterner avant <strong>de</strong> lui <strong>la</strong>ver les pieds ou <strong>de</strong> lui servir à manger.J e me souviens, lors <strong>de</strong> mon premier séjour à Bénarès, en 1959, d’un jeune garçon, ca<strong>de</strong>t

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