<strong>com</strong>portement une série <strong>de</strong> réactions subjectives. <strong>Les</strong> émotions coupent l’homme <strong>de</strong> <strong>la</strong>réalité, <strong>de</strong>s faits, du mon<strong>de</strong> autour <strong>de</strong> lui et le maintiennent dans l’esc<strong>la</strong>vage.L’individualité limitée et soumise au temps est caractérisée par le jeu <strong>de</strong>s émotionspositives et négatives, le ba<strong>la</strong>ncement du pendule autour <strong>de</strong> son axe. <strong>Les</strong> émotions ne sontjamais justifiées.Ces émotions ont plein pouvoir sur nous. Un matin je m’éveille « sans émotion ». Une<strong>de</strong> mes <strong>de</strong>ux chaussettes n’a pas disparu, le <strong>la</strong>it ne débor<strong>de</strong> pas et le beurre n’a pasmauvais goût, je ne me trouve pas les traits tirés en me regardant dans <strong>la</strong> g<strong>la</strong>ce. Je croisêtre neutre. Et puis voici que le courrier apporte une lettre dont l’enveloppe porte l’entête<strong>de</strong> l’entreprise où je travaille. Mon état intérieur est à <strong>la</strong> merci <strong>de</strong> cette lettre, <strong>de</strong> cetacci<strong>de</strong>nt extérieur à moi et que je n’ai pas pouvoir d’empêcher ou d’éviter. Suivant quel’émotion <strong>la</strong>tente en moi associée au courrier est positive ou négative, je suis déjà dans unétat <strong>de</strong> crainte ou <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isir avant même d’avoir ouvert <strong>la</strong> lettre. Cette lettre est signée duDirecteur luimême. « Monsieur et cher col<strong>la</strong>borateur, j’ai le p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> vous faire savoirque, par décision du Conseil d’Administration du..., votre sa<strong>la</strong>ire est augmenté <strong>de</strong>... à <strong>la</strong>date du... ». « Monsieur, nous avons le regret <strong>de</strong> vous informer qu’à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> <strong>la</strong>réorganisation <strong>de</strong> nos services, consécutive à <strong>la</strong> fusion <strong>de</strong> notre Société avec.., et <strong>de</strong>smesures <strong>de</strong> <strong>com</strong>pression <strong>de</strong> personnel qui... » Vous <strong>de</strong>vinez <strong>la</strong> suite. Une simple lettre a lepouvoir absolu <strong>de</strong> nous mettre dans un état intérieur <strong>de</strong> bonheur ou <strong>de</strong> détresse. Et quandl’émotion est là, il n’est pas en notre pouvoir <strong>de</strong> nous en débarrasser à notre gré. Sinonpersonne n’aurait jamais eu l’idée <strong>de</strong> rechercher <strong>la</strong> formule d’un tranquillisant.Lorsqu’on lui parle <strong>de</strong> vivre sans aucune émotion, chaque homme et chaque femmes’indigne et se sent menacé dans son être même. Tout le mon<strong>de</strong> affirme que l’émotion,c’est <strong>la</strong> vie et <strong>la</strong> participation, et que l’absence d’émotion, c’est l’insensibilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> pierreou l’égoïsme d’un monstre. Mais plus personne ne se scandalise à l’idée d’être libéréd’une émotion douloureuse et suffocante. Or l’anxiété et l’angoisse que le Bouddha estvenu guérir, il y a 2 500 ans, sont aujourd’hui <strong>de</strong> très officielles ma<strong>la</strong>dies. Voilà pourquoiles tranquillisants et les neuroleptiques se ven<strong>de</strong>nt si bien et pourquoi tout ce qui peutpermettre aux gens « d’oublier leurs soucis » est d’excellent rapport. Tout être humainrêve <strong>de</strong> bonheur parfait et d’une vie où il n’y aurait plus que <strong>de</strong>s joies. En attendant, ilrecherche les émotions agréables et refuse les émotions douloureuses. Mais <strong>la</strong> clé <strong>de</strong> <strong>la</strong>Libération, le grand enseignement, c’est d’abandonner cette façon <strong>de</strong> voir les choses. Ceque toutes les traditions et toutes les religions ont appelé « béatitu<strong>de</strong> », « félicité », « joiequi <strong>de</strong>meure », « plénitu<strong>de</strong> », ne peut pas être et n’est pas le triomphe du bonheur quenous connaissons sur <strong>la</strong> souffrance que nous connaissons. Il n’y a pas d’émotionspositives sans émotions négatives. La souffrance n’est que l’autre face du bonheur. On nepeut pas espérer n avoir que <strong>de</strong>s joies, que <strong>de</strong>s bonnes nouvelles, que <strong>de</strong>s succès, que le «oui » en face <strong>de</strong> soi et jamais <strong>de</strong> souffrances, <strong>de</strong> mauvaises nouvelles, d’échecs, jamais le« non ». La paix parfaite promise aux élus est au<strong>de</strong>là du bonheur <strong>com</strong>me du malheur.Elle ne correspond à rien que nous connaissons aujourd’hui. Elle « dépasse toute<strong>com</strong>préhension<strong>Les</strong> émotions positives <strong>de</strong> joie, <strong>de</strong> bonheur, <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isir n’ont pas plus <strong>de</strong> valeur parrapport au grand but final, qui seul est une victoire absolue sur <strong>la</strong> mort et <strong>la</strong> souffrance,
que les émotions négatives <strong>de</strong> peine, <strong>de</strong> malheur, <strong>de</strong> tristesse. L’émotion c’est l’émotion,le fruit <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépendance. Quelque chose qui est extérieur à moi a pouvoir sur moi,prouvant par là qu’il y a moi et le reste, que je suis toujours une petite vague et non pasl’océan. Cette dépendance est permanente, elle joue tout le temps. Pas seulement dans lesmoments où nous sommes conscients d’être heureux ou malheureux. Toute notre vie,tous nos efforts, toute notre activité sociale, professionnelle, sexuelle est fondée sur <strong>la</strong>distinction <strong>de</strong>s émotions agréables et <strong>de</strong>s émotions désagréables.Le sadhaka met toutes les émotions dans le même sac. Car l’homme ne peut êtredélivré <strong>de</strong> <strong>la</strong> souffrance qu’en étant aussi délivré du p<strong>la</strong>isir. S’il renonce à l’un, il doitrenoncer aussi à l’autre. S’il désire l’un, il doit désirer l’autre aussi <strong>de</strong> <strong>la</strong> même façon. <strong>Les</strong>adhaka doit considérer toute émotion en tant qu’émotion, en tant que manifestation <strong>de</strong> <strong>la</strong>prison où il est enfermé. La voie ne <strong>com</strong>mence vraiment que le jour où le disciple<strong>com</strong>mence à accepter aussi bien les souffrances que les joies, sans vouloir les détruire.Détruire une émotion qui nous fait mal mais qui est un aspect <strong>de</strong> nousmêmescorrespondrait très exactement à l'attitu<strong>de</strong> du savant dans son <strong>la</strong>boratoire qui repousseraitavec horreur les rats cancéreux et les crachats purulents dont il a besoin pour sarecherche. Son étu<strong>de</strong> ne peut plus se poursuivre. Il faut accepter l’inacceptable, dumoment qu’il est en nous, les terreurs, les souffrances, les angoisses, tout ce qui nous faitéprouver : « Je n’en peux plus, je n’en veux plus » en pensant « La vie spirituelle ou leyoga va m’en libérer. » Oui <strong>la</strong> voie vous en délivrera. Elle l’a promis à l’homme à traversles siècles et les millénaires : « Je te conduirai au<strong>de</strong>là <strong>de</strong> toute souffrance. » Mais elle nevous en libérera que si vous <strong>com</strong>mencez par les accepter totalement, aussi <strong>com</strong>plètementque vous acceptez les émotions positives, les belles, les gran<strong>de</strong>s émotions, celles qui fontque « <strong>la</strong> vie vaut quand même <strong>la</strong> peine d’être vécue ».Le « seul péché qui ne puisse pas être pardonné » est <strong>de</strong> nier ce qui est, <strong>de</strong> refuser à cequi est le droit à être. Car, par làmême, nous nous condamnons au mensonge et à ne plusêtre ni dans le vrai, ni dans le réel. Or <strong>la</strong> route qui conduit à <strong>la</strong> vérité non re<strong>la</strong>tive,absolue, va <strong>de</strong> vérité re<strong>la</strong>tive en vérité re<strong>la</strong>tive. Aller uniquement <strong>de</strong> vérité en vérité nepeut pas ne pas mener au bout du chemin. Mais nous refusons <strong>de</strong> vivre dans le mon<strong>de</strong>pour nous enfermer dans notre mon<strong>de</strong>. Nous faisons toujours <strong>de</strong>ux avec tout. « Six centsmillions <strong>de</strong> Chinois... Et moi, et moi, et moi. »Il y a un bruit qui me fatigue : non, il ne <strong>de</strong>vrait pas être. Ma femme donne un coup <strong>de</strong>téléphone qui me dép<strong>la</strong>ît non, elle ne <strong>de</strong>vrait pas le donner. Mon époux rit bruyammentd’une p<strong>la</strong>isanterie qui n’est pas drôle non, il ne <strong>de</strong>vrait pas rire. Il pleut quand je n’ai paspris mon imperméable non, il ne <strong>de</strong>vrait pas pleuvoir. Cette dame a une robe qui lui vamal : non, elle ne <strong>de</strong>vrait pas être habillée <strong>com</strong>me ce<strong>la</strong>. Du matin au soir, nous nions,dénions, refusons. Notre existence est <strong>la</strong> plus gigantesque entreprise <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction quipuisse se concevoir, l’agressivité permanente contre tout ce qui ne convient pasexactement aux goûts <strong>de</strong> notre ego. Et il y a aussi les événements dramatiques, <strong>de</strong>vantlesquels même le cœur du chrétien crie : Dieu n’est pas bon... non, mon enfant ne <strong>de</strong>vraitpas avoir <strong>la</strong> leucémie ; non, mon papa ne <strong>de</strong>vrait pas être mort dans cet acci<strong>de</strong>nt ; non,mon mari ne <strong>de</strong>vrait pas être en ce moment dans le lit <strong>de</strong> cette fille ; non, je ne <strong>de</strong>vrais pasêtre chômeur à quarante ans avec une femme et <strong>de</strong>ux enfants. Qui se souvient alors que
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peut pas envisager. Et, pourtant, c
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